[Quelques jours plus tard, dans l’infirmerie d’Harcos]

Hayden pose l’atèle sur son bureau puis s’appuie sur le meuble.

-Bien, vas-y doucement.

Lia, assise sur le lit médicalisé, pose ses mains sur le matelas puis s’appuie pour se mettre debout. Sa jambe droite, encore engourdie, tremble un peu mais semble reprendre confiance. La jeune femme se défait du lit puis avance vers le docteur aussi doucement qu’elle le peut, comme si le sol pouvait se dérober à tout instant. Hayden se lève pour lui faire face et vient lui prendre les mains pour la stabiliser.

-Très bien. Maintenant essaies de t’accroupir.

Lia fléchit les genoux, à une vitesse toujours contrôlée pour ne pas brusquer ses membres. Elle se relève ensuite avec un grand sourire sur le visage. Hayden, lui, semble surpris.

-Et bien je dois avouer que je suis épaté de tes capacités de régénération Lia ! Tu devrai encore être alitée à une semaine seulement de ton accident et regardes-toi, tu marches déjà !

Plus qu’heureuse elle lui saute au coup soudainement pour le serrer dans ses bras.

-Merci doc’ vous avez été génial !!

Elle s’écarte pour continuer à marcher, faisant les cent pas en fixant sa jambe.

-Néanmoins je te conseille d’attendre pour te transformer de nouveau. Mes connaissances se limitent à l’être humain, je ne peux pas t’assurer que ta jambe supportera une morphose prématurée.

L’écoutant d’une oreille Lia est toujours en pleine observation de sa jambe retrouvée. Elle lève la tête vers lui sans vraiment le regarder.

-D’accord…..Il faut absolument que je montre ça aux filles elles vont halluciner ! Merci encore à bientôt !

Elle le salue d’un signe de la main puis sort en trombe de la pièce pour repartir chez son ami. Encore un peu fébrile sa jambe manque de la faire tomber une ou deux fois en chemin mais elle arrive à bon port en quelques minutes. Elle trouve Sharlyn dans le salon, assise dans le canapé un libre d’herbologie devant les yeux. Absorbée par sa lecture elle lui jette un vif coup d’œil.

-Salut Lia ça va ?

L’intéressée ne répond pas et se contente de rester plantée devant elle en lui lançant un regard insistant. Après quelques secondes Sharlyn se lève d’un bond.

-Oh mon dieu ! Tu remarches ?

Lia lui fait une courbette, la saluant avec un chapeau imaginaire.

-Et avec les compliments du docteur !

Sharlyn vient la serrer dans ses bras.

-Je suis super contente c’est vraiment génial.

-Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Oh mince Lia t’es debout !

Lyme qui sortait de la cuisine avec un bol de céréales dans les mains lui sourit à pleines dents.

-Oui c’est génial non ? Au fait où est passé tout le monde ?

-Ils sont allés faire un tour en famille ! Comme nous partons Jake a tenu à rester un moment seul avec ses parents et sa sœur. Aerin par contre je n’en ai aucune idée.

Lyme mâche la fin de sa phrase en repartant vers la cuisine pour finir son petit-déjeuner. Sharlyn le regarde partir, amusée, puis se reporte vers Lia.

-Aerin est allée au marché couvert. On y va ?

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que son amie se dirige droit vers la porte.

-Je t’attends !

Les filles repartent dans les ruelles vers l’ouest de la ville. Très vite du chahut se fait entendre, signe qu’elles approchaient de leur destination. Elles atteignent le grand chapiteau en un rien de temps, retrouvant les marchands de passage. Aujourd’hui les vendeurs d’armes se bousculent : il y a des stands de toutes tailles et pour tous les métiers. Certains proposent épées et glaives, d’autres exposent sur des étals des fusils, pistolets et leurs munitions, tandis que d’autres encore vendent des massues et gourdins. Elles jouent des coudes pour se frayer un chemin à travers la foule, jusqu’à arriver à leur amie qu’elles retrouvent à un stand d’arcs et de flèches.

La jeune femme regardait attentivement un magnifique arc. Il était plus grand que le sien, d’un blanc pur et éclatant, avec une poignée gravée d’inscriptions elfiques. La corde dorée faisait étinceler l’arme qu’elle tenait entre ses mains sans vouloir la relâcher. D’un regard elle demande l’accord au marchant. Lorsqu’il hoche la tête elle se recule légèrement et tend son bras devant elle, son autre main ramenant la corde contre son visage alors qu’elle faisait mine de viser au loin. La tenue de l’arc est parfaite, il se plie parfaitement sans se voûter et obéit au moindre mouvement de l’elfe. Lorsqu’elle ferme un œil pour apprécier les distances elle voit Sharlyn et Lia s’avancer vers elle.

-Lia nom d’un gobelin tu es debout !

Elle la prend dans ses bras.

-Oui enfin ! Hayden m’a cependant mise en garde, pour la mutation je devrai encore attendre un peu.

-Au moins tu n’as plus besoin des béquilles !

-Oui c’est sûr…Tu as trouvé un nouvel arc ? Il est magnifique…

Aerin baisse les yeux sur l’arme.

-Oui il l’est ! Le mien se fait vieux et celui-ci est vraiment incroyable… Je ne saurai pas l’expliquer mais je ressent une connexion avec lui, comme s’il me comprenait. L’arme d’un elfe doit lui être adaptée, comme un partenaire de combat, et je pense avoir trouvé le mien ! Attendez une minute je reviens.

Elle tourne les talons pour revenir parler au marchand. Les filles l’entendent débattre du prix avec lui pendant un bon moment avant qu’il ne concluent un accord sur une poignée de mains. Aerin revient vers elle toute contente.

-Et voilà ! Vous avez des choses à voir ?

-Non on venait simplement te retrouver. Rentrons.

Sur la proposition de Sharlyn les amies quittent le grand marché et rentrent chez leur professeur. Quand elles arrivent le salon est encombré d’affaires en tout genre. Lia reconnaît les bagages de l’équipe et devine que les autres sacs doivent être pleins de victuailles.

-Ah vous êtes rentrées !

Klaus fait son apparition dans la pièce, suivi de sa femme.

-Nous avons fini de préparer vos bagages. Je vous ai mis de la nourriture pour le voyage dans les sacs marrons et les noirs contiennent quelques affaires de soin, juste au cas où.

-Merci Kara !

-Je vous en prie les filles. Lyme est en haut il finit son sac, quant à Jake il est passé en vitesse au forgeron pour récupérer une commande il devrait être là d’une minute à l’autre.

Sur ces mots la porte s’ouvre pour laisser rentrer le guerrier. Ayant revêtu sa tenue de combat il tenait dans sa main un objet assez grand, recouvert d’un bout de tissu.

-Quand on parle du loup.

-Salut Aerin, tu as trouvé ce que tu cherchais ?

Elle brandit l’arc devant elle.

-Oui je te remercie.

-Je monte une seconde je reviens.

Il presse le pas vers les escaliers puis disparaît en montant les marches quatre à quatre. Le plafond grince sous ses pas quelques instants avant que le silence s’installe de nouveau.

Une minute plus tard il redescend avec Lyme qui est finalement prêt, manteau sur les épaules et sac sur le dos. Aerin remarque de suite que la pièce d’équipement que Jake avait à son épaule n’était plus la même. D’une couleur aussi sombre que la précédente l’épaulette semblait à présent dégager une aura malfaisante. La matière, bien que facilement malléable, semblait aussi dure que la pierre. Elle s’avance alors vers lui , les yeux perdus dans l’observation de l’épaulette.

-Est-ce que c’est…elfique ?

La matière dont elle était faite elle pouvait la reconnaître entre mille : le Korvy. Les elfes noirs forgeaient des armures qui en étaient recouvertes de la tête aux pieds. Ils puisaient le matériau au plus profond du volcan Kitaï, étant les seuls êtres assez fous pour s’aventurer sur les Terres Brûlées. Dans la légende de son enfance le matériau était décrit comme impur, maudissant les objets qui en étaient fait. Lorsqu’elle approche ses doigts fins de l’équipement tout son corps frissonne à son contact. Elle s’écarte brusquement.

-Tu ne peux pas porter ça.

Jake soupire.

-Je sais Aerin j’ai lu les légendes. Écoutes j’ai trouvé un morceau d’armure lors de la bataille à Nerasten. Le matériau m’a semblé plutôt intéressant et résistant alors j’en ai apporté avec moi. Le forgeron d’Harcos a accepté de le retravailler pour moi et ça a donné un truc plutôt cool donc ne t’inquiètes pas, je ne suis pas maudit. Il m’a même dit que ça résisterai au feu je trouve ça pratique…

L’elfe lève les mains au ciel alors que le guerrier la contourne pour chercher son sac. Elle le talonne pour ne pas quitter ses semelles d’un centimètre.

-Bien sûr que ça résiste au feu ! Cette matière vient des entrailles d’un volcan en activité depuis plusieurs milliers d’années, nous ne sommes pas censés la trouver ni l’utiliser.

-Tu peux dire ce que tu veux je ne l’enlèverai pas.

Aerin lâche un râle de colère avant de sortir en furie, claquant la porte au passage. Un silence pesant s’installe dans la grande pièce où tout le monde avait assisté à la scène.

-Jake, est-ce que ce qu’elle dit est vrai ?

-Maman ce ne sont que des légendes…

-Bon…Fais attention tout de même.

Il vient l’embrasser.

-Promis. Bon on y va ?

-Allez-y les enfants. Plus tôt vous prenez la route mieux ce sera ! Soyez prudents et tâchez de rester sur les chemins de marche, pas d’imprudence d’accord ?

Tous acquiescent en cœur avant de faire une dernière accolade au couple qui les avait accueillis. Leeloo, encore trop jeune, avait été obligée de rester à la maison avec ses parents et avait donc du dire au revoir à toute l’équipe. Lyme particulièrement allait lui manquer mais elle se rassurait en se disant qu’ils allaient se revoir bientôt. Du moins elle l’espérait. Après une dernière embrassade les adolescents quittent la maison puis le village, se dirigeant plein nord pour accéder à la partie est de la forêt qui abritait Opresia, leur prochain arrêt. Aerin les avait attendus derrière la palissade et les avait rejoint à leur arrivée, boudant toujours le guerrier qui lui s’en fichait pas mal.
En quelques heures de marche la troupe retrouve l’atmosphère étouffante de la forêt, ainsi que son manque de luminosité. Peu après leur entrée la végétation se fait abondante, Jake passe en tête de peloton avec une machette pour dégager un passage à travers les lianes. Les amis se suivent à la file indienne pour ne pas se perdre dans les bois qui auraient vite faits de les séparer. Découpant une énième liane Jake aperçoit une clairière à une dizaine de mètres devant eux. Il presse alors le pas vers la lumière qui lui tend les bras et la brise qui le fait frissonner lorsqu’il arrive. L’équipe, en sueur à cause de la chaleur et l’humidité de la forêt, décide de faire une pause bien méritée. Les sacs et les vestes tombent au sol, suivis par les corps des amis épuisés. Lyme s’écroule face contre terre.

-Est-ce que quelqu’un a encore de l’eau ?

-Attrapes !

La gourde que lui lance Aerin s’échoue sur son dos.

-Aïe…

Rassemblant toutes ses forces il réussit à se retourner et tente de boire comme il le peut tout en restant couché.

-Tu n’en fais pas un peu trop ? Ton seuil de tolérance des températures semble se trouver entre 17°C et 23°C… en dessous tu es frigorifié et au dessus tu fonds…

Jake ne peut s’empêcher de pouffer à l’entente des mots de Lia. Cinq minutes s’écoulent pendant lesquelles un silence plane dans la petite clairière, laissant l’équipe se reposer. Sharlyn finit par se lever.

-On ferait mieux de reprendre la route.

-Déjà ?

-Oui, Lyme. Déjà. Nous n’avons fait que la moitié du chemin et l’après-midi est déjà bien avancée. J’aimerai bien arriver avant la nuit pour une fois, debout !

Elle lui lance son sac à la figure. Le mage grommelle encore mais il est à peine audible, la bouche enfouie sous son sac. Ils reprennent la route, Jake toujours en tête avec sa machette et Lyme fermant la marche, presque traîné par Lia.
Lorsque le soleil commence à décliner l’équipe en marche perçoit des bruits d’écoulement d’eau. Ils suivent les clapotis jusqu’à arriver à une petite rivière où ils remplissent les gourdes et se rafraîchissent une minute. Ils repartent sans plus attendre en suivant le fil de la rivière qui les mène à une embouchure, où plusieurs cours d’eaux se rejoignent. Jake s’arrête.

-Mince…Mon père nous a dit de suivre la rivière, mais laquelle ?

Les adolescents se dévisagent tous sans savoir quoi faire, ni quel chemin prendre.

Alors qu’elle disparaît de la vue de ses amis, Aerin passe la tête à travers les feuillages et tombe nez-à-nez avec un oiseau qui manque de la faire tomber à la renverse. Elle se rattrape de justesse à une branche et se retrouve les pieds dans le vide pendant que le volatile s’envole sous ses yeux, déployant ses larges ailes aux couleurs flamboyantes. Elle tire sur ses poignets pour s’élancer et se pose sur la branche salvatrice. La première frayeur passée elle retrouve un équilibre sans faille et se faufile à travers les feuillages jusqu’à ne plus pouvoir avancer. Devant elle Opresia apparaît et se dévoile dans toute sa splendeur, tel un véritable coin de paradis.

Les huttes des habitants sont accrochées haut dans les arbres alors que la rivière se faufile en contre bas. Chaque maisonnée est faite de bois et de feuillages, avec un toit tressé de végétation qui les fondent dans la nature environnante. Certaines sont installées au plus haut des cimes pour une vue imprenable sur la forêt. Quelques ponts de singes sont installés ça et là pour faciliter le passage mais les enfant vont et viennent en s’agrippant aux lianes, en sautant de toit en toit ou en s’élançant sur de véritables tyroliennes pour redescendre. Les arbres les plus solides ont été creusés en toboggan ou parés de marches comme celui auquel l’elfe venait de grimper.

Ses yeux passent de maison en maison en observant des citoyens calmes et souriants qui la saluent d’un signe de la main. La joie de vivre plane sur le village bucolique, agrémentée des cris d’oiseaux qui emplissent l’atmosphère.
A quelques mètres d’elle un homme d’un certain âge est assis sur son balcon, tissant des paniers en osiers. Elle s’approche.

-Excusez-moi ?

Le vieil homme arrête son ouvrage. Il la regarde puis prend sa pipe des lèvres pour lui sourire à travers sa barbe.

-Bonjour jeune fille ! Je ne vous ai jamais vue par ici, z’êtes nouvelle ?

-A vrai dire je suis de passage avec des amis, mais je ne sais pas comment les faire monter. Ils ne sont pas tous…à l’aise…avec la hauteur.

Sur ces derniers mots elle pense surtout à Lia qui avait l’altitude en horreur.

-Aucun problème ma p’tite dame suivez l’guide !

Il se lève en lui faisant un signe de la main. Aerin passe sur la rambarde du balcon pour le rejoindre alors qu’il rentre dans sa hutte en boitant d’un pas lourd. Elle passe la porte pour découvrir un intérieur chargé de souvenirs et d’objets en tous genres, comme si le propriétaire collectionnait tout ce qu’il trouvait. Elle prend soin d’enjamber les livres qui traînent par terre puis contourne des meubles débordant de bibelots avant d’arriver devant un espace d’un mètre sur un mètre, avec un trou en son milieu et une corde raide qui y descend du plafond.

-Par ici mam’zelle.

Il pose ses mains gantées sur la corde, passe une jambe autour puis saute dans le trou en s’écriant comme un enfant.

En bas le reste de l’équipe commence à s’inquiéter. Sharlyn fait les cent pas au pied de l’arbre en se demandant comment elle pourrait monter la rejoindre sans tomber alors que Lia prie pour ne pas avoir à grimper. Lyme tend l’oreille.

-Vous entendez ?

Sharlyn s’arrête pour écouter le cri qui semblait venir d’en haut. Ils lèvent tous la tête en même temps pour chercher l’origine de la voix qui se rapproche à toute vitesse. Soudainement un vieux bonhomme apparaît à travers les feuillages. Il continue sa descente à toute vitesse avant de tomber lourdement devant les yeux des adolescents qui ont fait un pas en arrière.

-Nom d’un garnement, c’est plus d’mon âge tout ça !

Quelques secondes plus tard un autre cri se fait entendre au loin. Tout le monde relève les yeux pour voir Aerin dégringoler le long de l’arbre et s’aplatir nom loin du premier arrivant. Il vient la relever.

-Pas mal pour un premier saut !

Aerin se remet debout et se masse les épaules.

-Vous auriez pu au moins me prévenir que la corde ne va pas jusqu’en bas…

-Pardi je ne pensais même pas que tu sauterai tiens ! Mais tu as du courage je t’aime bien !

Il lui met une tape sur l’épaule qui manque de la remettre au sol.

-Aerin ??

Jake range l’épée qu’il avait dégainée à l’arrivée en trombe du vieil homme. Celui-ci passe en revue les membres de l’équipe, les mains sur les bretelles de sa salopette en jean.

-Vous devez être les amis de la p’tite dame c’est ça ? Ravi de vous connaître moi c’est Guido. Suivez-moi donc qu’on vous fasse monter !

En parlant il s’avance vers eux avant de passer entre Lia et Sharlyn qui le regardent, ahuries. Aerin les rejoint puis leur fait signe de le suivre. D’abord réticents à l’idée de faire confiance au personnage un peu bourru ils finissent par le suivre sur quelques mètres avant qu’il ne s’arrête. Il soulève son chapeau de paille pour se gratter le crâne et marmonner.

-Bon qu’est-ce que j’en ai fait déjà…

Lyme s’approche d’Aerin et vient lui murmurer à l’oreille.

-Est-ce que tu es sûre qu’il a toute sa tête ?

Elle chuchote à son tour.

-Je n’en sais rien je le connais depuis 3 minutes…

-C’est rassurant…

Il hausse les deux pouces avant de se reporter sur Guido qui marmonnait toujours dans sa barbe.

-Nom de nom Guido espèce d’imbécile tu n’peux pas encore l’avoir perdue…Ah ! La voilà.

Il se dirige vers la cavité d’un arbre et en ressort un petit objet long, comme une petite flûte, qu’il porte à ses lèvres. Le son qui en sort surprend tout le monde, harmonieux mélange entre plusieurs chants d’oiseaux. Lorsqu’il s’arrête un bruit sourd retentit et fait trembler l’arbre voisin qui en perd quelques feuilles. Une large plate-forme englobant le tronc apparaît à plusieurs mètres du sol et descend lentement le long du bois. En quelques secondes la planche est au sol, prête à les accueillir. Guido est le premier à monter.

-Eh bien vous montez ou vous attendez la mousson ?

Tous se précipitent et montent à bord alors que la plate-forme remonte automatiquement. Lia est au plus près du tronc et n’ose jeter un coup d’œil en bas tandis qu’Aerin est carrément assise au bord les pieds dans le vide. Lyme s’approche du bord pour jeter un coup d’œil sans pour autant trop s’y risquer.

-C’est fiable votre système ?

Le vieil homme lui rit largement au nez en lui tapant sur le dos.

-Hahahaha ! Tu es moins téméraire que la p’tite dame toi ! Dans la plupart des cas on arrive en haut sans encombre faut pas t’en faire.

-Et sinon ?

-Eh ben on r’descend pardi !!

Il rit de plus belle. Le mage déglutit avec difficulté, priant le ciel d’arriver au plus vite et surtout en un seul morceau. La plate-forme continue sons ascension vers la cime puis passe à travers les feuillages. Lorsqu’elle en ressort elle s’arrête brusquement en manquant de faire tomber les visiteurs. Autour d’eux il n’y a que le vide, les maisons sont hors d’atteinte depuis la planche. Guido porte deux doigts à ses lèvres et siffle un enfant qui jouait devant eux.

-Dis donc gamin, aides-nous donc et abaisses le levier tu veux ?

Le garçon, âgé d’une petite dizaine d’années, lui lance un regard intrigué. Il cherche d’abord du regard avant de se mettre sur pieds puis de se diriger vers la manette en question. Il y pose la main.

-Voilà c’est ça. Vas-y descends-le.

Encouragé par Guido il l’abaisse. La rambarde qui le séparait du vide se met alors à bouger et à se diriger vers le petit groupe, créant un pont entre eux et la hutte. Lia est la première à vouloir se lancer sur le pont pour quitter leur ascenseur mais, arrivée sur les rondins de bois, elle se demande si elle n’était pas moins en danger sur la plate-forme. Sans trop se poser de questions, surtout pour ne pas se faire peur, elle regarde droit devant elle et accélère le pas vers la maisonnette. Arrivée sur un balcon elle s’y assoie et souffle un instant sans pour autant s’y sentir en sécurité.

-C’est une nerveuse vot’copine ! Venez chez moi boire une bonne tasse de thé, ça lui évitera peut-être de faire une attaque.

Aerin lui sourit et accepte l’invitation. Le petit groupe suit Guido jusque chez lui où ils entrent se reposer un instant.
Quelques minutes plus tard tous sont attablés autour de tasses fumantes dans la maison pleine de reliques du vieil homme. Leurs sacs jonchent le sol parmi tant d’autres affaires et encombrent un peu plus la pièce qui semble rapetisser. Un feu de cheminée crépite dans l’âtre et apporte néanmoins une atmosphère paisible et chaleureuse en ce début de soirée. Dehors le soleil finit de tomber, plongeant Opresia dans une obscurité étoilée. Après de longues discussions il se fait tard, Guido propose à l’équipe de coucher à l’étage, de toute façon inoccupé.

Au milieu de la nuit, alors que ses amis dorment, Aerin quitte son sac de couchage. Elle prend la première veste qu’elle trouve et descend les escaliers pour sortir un instant sur le balcon respirer un grand coup. Arrivée dehors elle pose les bras sur la rambarde puis inspire profondément, observant le ciel. Si haut dans les arbres celui-ci est pur, sans une tâche, il laisse les étoiles et le clair de lune prendre son relais pour éclairer la ville. Les habitants ont laissé des lanternes sur leurs balcons qui complètent les astres en parant l’horizon d’une multitude de points lumineux. Pas un bruit ne vient briser le silence qui s’est installé pour la nuit.

Le lendemain Lyme se réveille seul dans la grande pièce de l’étage. Il balaye les environs du regard pour n’y trouver que les sacs de couchage de ses amis, vides. Il attrape son tee-shirt et sarouel noir de la veille qu’il passe en vitesse avant de descendre l’escalier en colimaçon. Il atterrit alors dans la pièce encombrée du rez-de-chaussée qu’il quitte pour rejoindre la cuisine sur sa gauche, vide également. Commençant à se poser des questions il rebrousse chemin pour vérifier le salon, toujours personne. La salle d’eau est vide, tout comme le petit jardinet derrière la maison. Sérieusement inquiet il se dirige en trombe vers la porte d’entrée où il y trouve une note épinglée. Il décroche le bout de papier pour y lire l’écriture de Sharlyn, pas très nette et en tout petits caractères.

 »Sommes allés visiter, devrions être rentrés avant ton réveil. »

-Eh bien c’est loupé…

Il froisse la note puis vise la poubelle à l’autre bout de la pièce, manquée. Le morceau de papier rebondit sur une étagère puis roule sur quelques centimètres avant de finir sa course contre une pile de bouquins. Le mage hausse les épaules puis fait un pas vers la cuisine avant de se raviser, curieux. Il tourne les talons et se dirige vers le tas de livres où il s’accroupit pour lire les intitulés.

– »Cent ans d’Histoire d’Opresia »… »Opresia ou le village dans les cimes »… »Il fait bon vivre à Opresia »… »Tous les secrets d’Opresia »… dis donc…

Il se relève dans un sourire lorsqu’un vieux livre attire son attention derrière la pile des bouquins de tourisme, prenant la poussière sous un meuble. Il s’aplatit pour récupérer l’objet, assez lourd, avant de le frapper pour le débarrasser de la poussière qui vole et l’entoure dans un nuage gris. Le mage toussote un peu et s’écarte. A l’air pur ses yeux découvrent un manuscrit plutôt vieux : la couverture est abîmée par le temps, les pages encornées et jaunies et la reliure est presque totalement arrachée. Il passe le pouce sur le titre en relief alors que ses yeux s’écarquillent à sa lecture.

-Impossible…

A l’extérieur la joyeuse bande d’amis va et vient au gré des ponts de singes qui la mène où bon leur semble. Tantôt vers des balcons de voisins amicaux, tantôt vers de grandes plate-formes suspendues par des lianes, abritant quelques commerces. C’est au détour d’un long mur de lierre que les amis tombent sur Mme Lovyse, la professeure d’herbologie du Château. La grande femme est telle qu’elle est toujours : sur sa tête une capeline lui tombe sur les yeux, ses longs cheveux fins et grisonnant s’emmêlent dans son dos à cause du vent et sa grosse paire de lunettes sur le nez lui donne des airs de vieille dame. Le sac en tissu qu’elle tient en bandoulière passe sur une très longue robe qui semble épaisse et pourtant volatile, laissant paraître une paire de babouches. Avec toute sa tenue accordée d’un même vert elle ressemble à un grand bonbon à la menthe.

-Madame Lovyse ?

La grande dame se retourne.

-Mademoiselle Drake ! Et je crois reconnaître Monsieur Rekan ainsi que Mesdemoiselles Neranwell et Lia !Quel bon vent vous amène à Opresia ?

-Nous sommes arrivés d’Harcos hier et restons quelques jours avant de repartir vers Astoria.

-Oh je vois je vois quel enchantement de vous avoir ici ! Prenez donc le temps de visiter et je serai heureuse de vous accueillir chez moi pour prendre un thé si vous avez du temps libre.

Elle parlait d’une voix assez aiguë en faisant de grands gestes avec les mains, exagérant des fois sur certains mots.

-Merci beaucoup ça sera avec plaisir !

-Magnifique ! Sur ce passez une excellente journée !

Elle prend congé du petit groupe avec un grand sourire aux lèvres. Les amis reprennent leur visite en direction de la cabane du Décideur d’Opresia. Les villages rattachés au Château étaient tous dirigés par un Décideur, équivalent de Drake pour le Château. Harcos était sous la responsabilité de Klaus Rekan, Astoria dépendait de Nyna-Lou et Opresia était sous la tutelle de Sylvia Hana. Cette dernière était une femme d’une très grande beauté au visage délicat et au corps gracile, très peu souriante et très autoritaire.
Lorsque la bande arrive devant l’habitation de Sylvia elle découvre une hutte beaucoup plus grande que celles des habitants du village, décorée avec soin et précision. Avant d’entrer il faut passer dans un jardin fleuri où chaque pousse a été plantée dans un endroit précis et réfléchi, sans qu’aucun brin d’herbe ne dépasse sur le chemin de gravillons. Une fontaine d’eau cristalline est même installée au centre d’un cercle de buissons rigoureusement taillés et attire les oiseaux de passage, apportant beaucoup de mouvements et de vie dans cet espace si méticuleusement agencé. La grande bâtisse est installée au plus haut de l’arbre le plus ancien et le plus rigide, pouvant facilement supporter autant de poids grâce à son épais tronc.

Les amis avancent devant la porte où ils trouvent une corde que Sharlyn abaisse pour faire sonner la cloche d’entrée. Les deux portes coulissantes s’ouvrent et laissent entrer l’équipe dans une grande pièce au style toujours très épuré, rangé, en accord si parfait avec l’extérieur qu’il semble qu’ils y sont toujours. Des cascades d’eau s’écoulent de certaines murs quand d’autres abritent du lierre, grimpant au plafond jusqu’à le recouvrir. Au sol un écureuil zigzague dans leurs pieds avant de courir jusqu’à Sylvia, assise les jambes croisées sur une balançoire au milieu de la salle. Il saute pour grimper sur son épaule, accueilli par des caresses de la belle femme. Elle adresse un sourire étincelant à son compagnon à poil qui s’installe au creux de son cou, se lovant sur son buste mat. Les yeux noisette de la jeune femme sont lumineux, ils éclairent son visage fin et gracieux. Il était impossible de deviner son âge ; ses yeux espiègles renvoyaient un regard malicieux et pourtant très mature et son grain de peau restait parfaitement lisse malgré une expérience de la vie indéniable. Le tissu de son haut, d’un violet puissant, moule parfaitement sa poitrine en la rehaussant par son décolleté en forme de cœur. Il finit juste en dessous de la courbure de ses seins, laissant visible son ventre d’une finesse incroyable. Le sarouel qu’elle porte lui entoure les hanches puis bouffe au niveau des jambes avant de se resserrer sur ses chevilles, habillées de bracelets qui s’entrechoquent au moindre mouvement. Elle décroise les jambes et fait un léger saut pour poser ses pieds nus sur le sol de marbre lisse et froid.

Toute l’équipe met un genou à terre et baisse le regard.

-Madame Hana je suis Sharlyn Drake et voici mes compagnons de route : Aerin Neranwell, Jake Rekan et Lia….Lia…Drake.

Sylvia sourit doucement, arrêtée à un mètre de l’équipe.

-Je sais qui vous êtes, je vous en prie relevez-vous.

Sa voix est suave et délicieusement envoûtante.

-En quoi puis-je vous aider ?

-Nous sommes arrivés d’Harcos hier et souhaiterions rester ici quelques jours, avec votre accord.

-Et bien tant que vous ne causez aucun problème je suppose que cela ne pose aucun inconvénient. Mais je suppose que vous devez être à l’étroit chez ce cher Guido, peut-être voudriez-vous résider dans la hutte que je garde disponible pour des invités tels que vous ?

-Pardonnez-moi mais comment savez-vous que nous…

-…résidons chez Guido ?

Sylvia s’approche de Jake et passe deux doigts sous son menton.

-Je sais tout ce qu’il se passe dans mon village jeune guerrier.

Intimidé par sa grande beauté Jake ne put s’empêcher de rougir légèrement, baissant les yeux devant son regard pénétrant. Un très léger rire enjôleur quitte ses lèvres avant qu’elle ne reparte vers la balançoire, sautant pour y atterrir avec douceur. Elle croise les jambes en tailleur pour y poser son coude et pivote sa tête dans le creux de sa main.

-Vous pouvez rester tant que vous le voulez jeunes aventuriers. Un de mes serviteurs viendra vous chercher tous les cinq pour vous conduire à la résidence qui sera vôtre le temps de votre séjour, d’ici là vous pouvez continuer votre visite.

-Merci beaucoup Madame.

Les quatre amis se prosternent à nouveau puis prennent congé, repartant en direction de la maison de Guido pour faire leurs sacs et être prêt à changer de maison.

Chez Guido Lyme est couché sur le ventre, l’ouvrage trouvé plus tôt entre les mains. Il accompagne les monceaux de choses et autres bibelots jonchant le sol de ce qui s’apparente le plus au salon de la maisonnée. Il tourne les pages frénétiquement et grommelle des mots inaudibles, n’entendant pas Guido rentrer.

-Dis donc mon p’tit gars, z’êtes un peu dans la passage là !

La voix du vieux propriétaire le fait sursauter et le tire de sa lecture ; il se relève en vitesse, passant une main dans ses cheveux.

-Oh excusez-moi m’sieur Guido.

-Qu’est-ce que c’est donc que t’as trouvé là ? dis-t-il en inspectant le livre que Lyme tient. Oh je vois… eh bien j’te souhaite bien du courage, j’ai jamais réussi à comprendre c’qui y’avait d’écrit dans c’maudit bouquin !

-Oui c’est une écriture magique, ça doit bien faire une heure que j’essaie de la déchiffrer mais mes parents n’ont jamais….eu le temps de m’apprendre…

Ces derniers mots il les a presque mâchés, si bien que Guido, déjà reparti dans la cuisine pour faire du thé, n’avait rien entendu.

-Qu’est-ce que c’est qu’tu dis mon gars ?

Lyme allait répéter lorsqu’il préféra se raviser au dernier moment.

-Rien ! Rien du tout….

Il baisse son regard sur le livre et sur les écritures dorées lorsqu’une idée lui vient. Il s’empresse de rejoindre Guido à la cuisine.

-M’sieur Guido ?

-Oui mon gars ?

-Est-ce que je pourrais vous l’emprunter ? J’aimerais vraiment l’emmener à Astoria, peut-être que là-bas quelqu’un pourra m’aider à le lire.

-J’peux même te l’donner s’il t’intéresse tant que ça! De toute façon j’y comprend rien moi à tout ce charabia. Est-ce que tu sais au moins de quoi il parle ce machin ?

-Oui je crois bien qu’il…qu’il retrace l’histoire de ma famille…

-Pardi ! Et comment c’est qu’tu t’appelles ?

-Je m’appelle Lyme A…

-Bonjour tout le monde !!

Le mage est coupé lorsque la joyeuse bande fait irruption dans la maison, de retour de la hutte de Sylvia.

-Fais tes valises mon gars, ce soir on dort au quatre étoiles ! lance Jake à son ami en lui tapant sur l’épaule

L’intéressé hausse un sourcil interrogateur.

-Quoi ?

-Sylvia nous prête sa résidence pour invités d’exception très cher !

Lia fait une courbette pour accompagner ses mots.

-M’dame Sylvia doit vous avoir à la bonne pardi ! Enfin c’est pas plus mal, c’est qu’ça fait pas beaucoup d’espace vital là-haut pour vous les enfants.

-Merci en tout cas Guido pour votre hospitalité, on a beaucoup apprécié votre compagnie.

-Mais de rien ma p’tite Aerin !! Allez donc préparer vos affaires, s’agirait pas d’faire attendre le serviteur de M’dame Sylvia lorsqu’il pointera l’bout d’son nez !

Tous s’amusent de l’accent de leur hôte et montent empaqueter les quelques affaires qu’ils ont sorti pour la nuit précédente. Lyme prend soin de protéger sa nouvelle acquisition entre des vêtements pour ne pas l’abîmer plus qu’il ne l’est déjà. Ne souhaitant pas de questions indiscrètes tant qu’il n’en sait pas plus pour l’instant il le cache au plus profond de son sac pour éviter les regards curieux. Tous redescendent pour voir que le serviteur de Sylvia était arrivé.
Il se met au garde à vous à leur arrivée et les escorte à travers les ponts de singes et les plate-formes suspendues, les guidant dans le village boisé. La petite équipe de ce matin reconnaît le marché aux fruits et légumes croisé plus tôt, l’école et la bibliothèque. Au détour d’une épicerie ils retrouvent le chemin vers la grande bâtisse avant de bifurquer en direction d’une maisonnée tout autant éblouissante.
L’entrée de celle-ci n’est accessible que par une échelle que tous empruntent, plus ou moins vite, après que le garde les ai laissés au pied de celle-ci. La grande pièce qui les accueille reste dans le même thème que la maison de Sylvia ; la végétation y est omniprésente, le lierre s’est emparé de tous les murs et partout où le regard se pose on peut voir la nature en parfait harmonie avec la construction. Le tronc qui supporte la maison passe à travers le plancher en bois en plein milieu de la grande pièce à vivre et en ressort par le toit. Dans un coin un espace détente est aménagé avec un jacuzzi en pierre, installé devant une grande baie vitrée qui surplombe Opresia. Alors que les amis découvrent l’endroit ébahis quelques petits mammifères traversent devant eux en courant, profitant de la maison pour se faufiler à travers la forêt.

-C’est dément ici …

Lyme reste bouche bée devant ce spectacle naturel qu’il apprécie presque autant qu’Aerin, qui elle est déjà montée à l’étage pour découvrir un peu plus la maisonnée. Elle ressort d’une des pièces puis se penche à la rambarde, au-dessus de ses amis.

-J’ai trouvé les chambres !

-Génial !

Lia se presse dans les escaliers, de simples planches fixées au mur, suivie de près de Lyme, Jake et Sharlyn.

-Il y en a deux, je suggère qu’on prenne la plus grande vu qu’on est 3, les garçons la vôtre est juste après.

-Bien reçu !

Jake se dirige vers la deuxième pièce alors que Lia s’arrête brusquement sur le pas de la porte. Devant elle se dresse le fond de la chambre, tout un pan de mur constitué uniquement d’une grande baie vitrée, qui dévoile un balcon donnant à la fois sur le village arboricole mais également sur la reste de l’immense forêt qui s’étend à perte de vue. Au pied de la spacieuse fenêtre est installé un petit coin douillet, constitué de beaucoup de coussins et de plaids d’une douceur incomparable. La jeune fille tombe à genoux pour se blottir dans cet endroit moelleux et accueillant.

-Wouah…

Sharlyn vient de la rejoindre et, après avoir lâché son sac à ses pieds, tourne sur elle-même les yeux fixés au plafond en admirant les décorations en bois qui y trônent, au milieu de toutes les plantes installées dans des pots suspendus ça et là. Elle aperçoit de robustes cordes qui descendent du plafonnier jusqu’aux quatre coins des lits, leur permettant de planer à cinquante centimètres du sol.

Dans un de ces mêmes lits, dans la chambre des garçons, Lyme voit son regard se poser sur un coin de la pièce, entièrement recouvert de terre. Il s’approche et y découvre non seulement tout un endroit terreux mais également un coin d’eau ainsi que plusieurs pierres agrémentées de quelques pousses. Il se déchausse de sa paire de tongs et vient enfouir ses pieds, ressentant soudainement un sentiment de bien-être l’envahir. Il comprend immédiatement que l’endroit est fait pour communiquer avec la nature, ce qui ne l’étonne en aucun cas au vu du village dans lequel il se trouve. Cela lui donne même l’idée d’installer un tel aménagement dans sa propre chambre, si toutefois ils rentrent au Château un jour.

Tous se retrouvent un peu plus tard pour le déjeuner. Tout le nécessaire est déjà présent dans la grande cuisine lumineuse et végétale et le repas est vite préparé ; l’équipe se met à table pour pouvoir discuter de la suite des événements.

-J’aimerais pouvoir emporter quelques remèdes et herbes curatives tant que nous sommes là, indique Sharlyn en finissant son assiette

-Mmh, je pense que c’est une très bonne idée, si Lia continue à ne pas regarder où elle marche !

Lyme, la bouche pleine comme à son habitude, se prend un violent coup sur la tête par l’intéressée.

-Même si c’est mal exprimé je pense que Lyme n’a pas tort Lia, nous avons trop peu de choses avec nous et trop peu l’habitude de soins aussi importants, nous en avons fait la mauvaise expérience, posa Aerin avec son ton toujours aussi calme, il faut que nous parions à un maximum de possibilités.

-J’irai donc voir Madame Lovyse cet après-midi pour lui demander si elle peut m’aider et me former sur un maximum de choses en un temps record.

-J’irai avec toi, proposa l’elfe

-Moi il faut que j’aille à la bibliothèque au fait ! s’écria le mage en postillonnant

-Rien de nouveau sous le soleil, se moqua Jake, ayant fini son assiette depuis maintenant un bon moment, pour ma part je pense rester là et dormir un maximum ! ajouta-t-il en s’étirant

-Quant à moi je pense retourner voir Sylvia, peut-être sait-elle quelque chose sur moi…ou au moins sur les changeants…

Un peu attristée de la situation de son amie, Sharlyn lui adresse un petit sourire triste.

Le repas fini chacun se dirige vers ses occupations prévues ; Jake se met au lit avec quelques en-cas, juste au cas où, Lyme file à la bibliothèque, Lia demande un entretien à Sylvia et Sharlyn et Aerin retrouvent la professeure d’herbologie pour un cours accéléré.

Lorsque la journée commence à décliner Lia est la première rentrée, très vite suivie par ses 2 amies alors que le mage parcourt encore un maximum d’ouvrages de la bibliothèque. Lia et Aerin s’accordent un moment de répit dans le jacuzzi pendant que Sharlyn ressasse les récents événements dans sa tête, allongée sur son lit. Après plusieurs minutes à hésiter elle se décide finalement et sort de la spacieuse chambre pour se diriger vers celle des garçons, sans trop savoir comment tout cela va bien pouvoir tourner.

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