J’ai une de ces envies de chair humaine. J’ai envi de plonger le bras à travers cette saloperie de barrière et d’attraper un de ces connards. Ils n’osent pas lever les yeux. Des monstres … Ils ne savent pas qui sont les vrais monstres. J’ai vécu plus de deux cent années de ma vie en Enfer à cause de ces merdeux. Je suis né écorcheur. Pour fêter ma majorité, ma famille m’a offert dix vierges humaines à bouffer. Ma nature me pousse à voir ces cafards comme de gros morceaux de viande. Leurs airs abrutis me donnent envie de leur arracher la peau le plus lentement qu’il m’est possible de le faire. J’avais 20 frères et sœurs. Des enculés. Sauf un. Mordock. Quand ces salauds d’humains m’ont jeté en enfer, mon frère m’a suivi.

« Plutôt souffrir avec toi que de ne pas savoir ce que tu endures. Moi à tes côtés, ce sera comme diviser ta souffrance par deux. »

C’était faux et il le savait. Mais il s’est quand même jeté dans le tunnel spatio-temporel, après avoir écorché les humains qui m’avaient vendu à Lucifer bien sûr. Les Humains pensent que nous sommes les enfants du Diable. Quelles bandes de cons. Lucifer n’a pas d’enfants.

– Maman, est-ce que tous les démons sont méchants ?

Intelligent le gamin. Ils ne naissent donc pas pourris jusqu’à la moelle.

– Chuut ! Tais-toi et baisse la tête, le regarde pas.

Salope. Si j’avais voulu bouffer ton gamin, je l’aurais déjà fait. Je ne suis pas un démon de classe D. Ces barrières anti-intrusions n’ont aucun effet sur moi. Elle s’imagine que j’ai de la bouillie à la place du cerveau et que je viens à cette station tous les jours en espérant voir l’un d’eux tomber pour le dévorer. Eux oui. Moi je viens pour les voir mourir. J’aime cette station de métro. Les quais sont étroits et les humains sont obligés de marcher les uns derrière les autres pour ne pas sortir du périmètre de sécurité. Avant je ne venais jamais ici. Mais un jour je l’ai aperçue en passant.

Les Humains sont ennuyeux. Ils ne prennent plus soins d’eux. Etre sur le point de mourir ne veut pas dire qu’on peut mourir crasseux. Au contraire, savoir qu’on va mourir nous donne envie de croquer la vie à pleines dents. Elle, elle l’avait comprit. De toutes les humaines que j’avais pu voir jusque là, jamais je n’avais eu autant envie d’en baiser une. Ce jour-là elle était entourée de mecs super laids qui la regardaient comme la salope qu’elle était. Dans une combinaison rouge ultra moulante, elle était adossée à la barre, les jambes écartées et les bras relevés au dessus d’elle, la poitrine pointant vers l’avant. Elle avait les yeux fermés et le visage dirigé vers le plafond. Si le wagon n’avait pas redémarré, j’aurais détaché sa queue de cheval, agrippé ses boucles blondes, tiré violemment dessus et prise là débout devant tous ces pervers. Elle ne m’aurait pas laissé faire et aurait utilisé la matraque attachée à son mollet droit. Et je suis sure qu’elle s’en serait servi sans la moindre hésitation. J’étais aussi dur que du béton quand le wagon est reparti. Depuis, cette foutue trique ne me quitte plus.

Alors je passe mes journées au bord de ce quai à attendre qu’elle repasse. J’ai l’impression d’être un toutou qui attend son os. Avec beaucoup beaucoup d’impatience. Un toutou qui n’a pas bouffé depuis deux jours. J’ai une de ces dalles. Je pourrais m’enfiler deux humains d’un coup. Le problème, c’est qu’elle risque de ne pas vouloir s’envoyer en l’air si elle me voit la bouche en sang penché sur deux cadavres, leur intestin dans les mains. Mais si je me nourris pas, je risque de la bouffer elle et je ne pourrais plus me la faire après.

Le wagon redémarre, je me rassois sur ma chaise. Pourquoi attendre debout ? J’ai pris la peine d’installer une chaise et d’apporter un ipad. Les chiens de Krollers adorent ces trucs. Mais ils ne s’approchent pas de moi. Ils savent qu’ils finiraient en morceau encore plus petits que cette merde. Je ne suis pas fan des inventions des Humains, mais j’aime bien leur musique. Je passe en boucle le groupe Fun.. J’aime l’énergie qu’ils y mettent. Tiens, le wagon entre à quai. Les autres démons se tassent au bord des barrières, en faisant attention à me laisser de l’espace. Faudrait pas me frôler. Sur le crissement des freins, je me lève de ma chaise. Quelque chose attire mon attention. Une couleur vive au milieu d’un wagon sombre. Elle est là, encore adossée à sa barre. Plus attirante que jamais. Des frissons. J’ai des frissons. Et un pantalon trop serré. Elle regarde autour d’elle avec un regard de mépris total pour sa propre race. Cette Humaine est décidément très intéressante. L’endroit qu’elle a choisit pour voyager est le plus dangereux du wagon. Un à-coup et elle atterrit dans mes bras. Putain que quelqu’un la pousse ! Ses yeux se tournent soudainement vers moi. Je ne les avais pas vus l’autre fois, ils sont marrons. Et une lueur d’espièglerie y danse. Un sourire nait sur ses lèvres, qu’elle ouvre maintenant. Elle les lèche tout en soutenant mon regard. Elle m’aguiche alors qu’elle ne doit pas éprouver le moindre désir pour moi. Je sais ce qu’elle voit en moi. Un démon de type humanoïde aux yeux d’assassins et aux lèvres rouges sang. Un monstre aux griffes acérées qui s’allongent déjà tellement j’ai envie d’elle. Je sens un courant d’air très léger. Un Humain va trébucher.

– Ah !

La belle tourne brusquement la tête. Elle ne laisse rien paraitre, comme indifférente à ce qui vient de se passer. Ca m’intrigue. Sa poitrine aussi m’intrigue. Je la vois qui se soulève très lentement depuis tout à l’heure. Elle reste calme, trop calme. La Belle est sur le qui-vive. Si je franchis la barrière, je suis sûre de me retrouver par terre, elle au-dessus de moi. Perspective très tentante. Merde ça redémarre. Elle me suit du regard. Une lueur de déception ? Pourquoi … Pourquoi serait-elle déçue ? … Merde ! Elle me fait chier ! Je ne vais pas la suivre. Je ne suis pas un putain de clébard. Sans m’en rendre compte, je bondis et me retrouve agenouillé sur le wagon. Dans quel merdier je me suis encore fourré.

Deux heures maintenant que je l’observe à travers les vitres du troisième étage de ce bâtiment. Elle travaille dans le milieu médical. C’est étrange … illogique. Ses collègues ont tous une gueule de déterrés. Et cet enculé juste devant qui n’arrête pas de la fixer. Je sens son désir d’ici. Il transpire cette odeur nauséabonde qu’ont les humains quand ils forniquent. Il a déjà éjaculé une première fois dans son jogging quand ma belle a retiré son élastique des cheveux. L’odeur de son sperme me donne envie de vomir. Je ne sais pas trop ce qui me retient de défoncer la vitre et de lui arracher la tête. Elle, est prise d’un ennui mortel. Elle vient de s’apercevoir du petit manège de porcinet. Je n’aime pas la lueur qui vient de passer dans ses yeux. La salope. Elle se lève et se dirige vers lui, en se déhanchant comme seule une femme peut le faire. Nom de Dieu, cette Humaine va me tuer. Je sens mes canines qui sortent de mes gencives. Le sang afflue dans ma bouche. Rien de mieux que le sexe et le sang mélangé. Elle le fixe … mais ne dégage aucune odeur d’excitation. Pourquoi elle écarte les jambes alors. Elle ferme les yeux et … !

La voilà, son odeur d’excitation. Comment cette pétasse peut être excitée par un porc pareil ! La voilà qui fait glisser la fermeture éclair entre ses seins … plus bas … encore plus bas … son ventre … Qu’est-ce que ! La barrière anti-intrusion s’affaiblie. Les autres l’ont senti. Ils se sont attroupés devant le centre médical et je n’ai rien remarqué, trop occupé à mater. Sans vraiment savoir pourquoi, je me lève et recule doucement du bord du toit sur lequel je me trouve. Au loin je la vois qui saute par-dessus les bureaux, en agrippe un vide et le tire vers la porte d’entrée. Intelligente mon Humaine. Elle a senti le danger. La voilà qui se penche en avant, ses fesses arrondies, et saisit la matraque attachée à son mollet. Je la vois sourire d’excitation. Ma belle aime se battre. C’est décidé : je saute, dégomme les démons, monte, lui arrache sa combinaison et la prend à même le sol.

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