A quelques jours d’halloween, une légère bruine dansait gracieusement dans sa descente, sous l’éclat d’une demi-lune qui éclairait le stationnement désert d’un bar, près du tunnel a Montréal. Une voiture venait de s’y garer. Le véhicule était une el camino noir, croisement entre voiture et camion qui de nos jours a presque complètement disparu des routes. L’homme qui descendit de la voiture mesure environ 6 pied et paraissait relativement athlétique. Il portait des jeans noir, des baskets noirs, un blouson de cuir noir et un capuchon gris qui projetait une ombre qui ne permettait pas de distinguer son visage. Il entra dans le bar minable. C’était petit sombre et ca puait l’ivrogne. Il y avait trois banquettes près de l’entré qui longeait les fenêtres. Dans l’une d’elle deux hommes complètement saoul parlait de hockey. Au fond se trouvait le bar et derrière se trouvait un quinquagénaire massif, chauve et muni d’une épaisse barbe brune. Il portait une camisole sale de couleur blanche. Ses bras était couvert de tatouages de squelettes, serpents, couteaux et crucifix qu’il s’était fait faire lors de ses multiples séjours en prison. Il avait les bras croisée et n’avait pas l’air très sympathique. L’homme au capuchon gris se dirigea d’un pas nonchalant vers le bar et s’assoit. Les deux hommes s’échangèrent un bref regard et le barman dit

– Salut, j’suis serge le propriétaire du bar. Qu’est ce que je te sert?
– Une pinte blonde et une pour vous aussi.
– Ben merci

Serge se servit une pinte et en donna une a l’homme au capuchon.

– 10.75 qu’il dit froidement.

L’homme posa 15$ sur le comptoir et dit de garder la monnaie.
Santé dit Serge en esquissant un sourire qui affichait deux plombages en or sur les canines du bas.

– Belle bagnole, el camino. Dans cet état on n’en croise pas souvent. Je l’ai reconnue au son du moteur, j’étais mécano et a l’époque je roulais en charger. Tu dois t’y connaitre en matière de bolide.
– Non.

Serge se lanca dans un long récit inintéressant sur sa vie. Il parlait de la gloire de ses jeunes années. De ses paroles émanait une grande admiration pour lui-même. L’homme au capuchon ne partageait visiblement pas cette admiration et se contentait de répondre évasivement, Serge avait l’air l’ennuyer.

– Tu n’est pas très bavard.
– A ben si justement, j’ai une histoire à raconter. Comme je suis souvent sur la route, je n’ai pas eu l’occasion d’en parler encore. Tu vas voir c’est dur a croire.

Il enleva son capuchon révélant son visage pour la première fois. L’homme devait avoir tout justes trente ans. Crane et barbe rasé, il y a tout au plus trois jours. Les traits de son visage était profond et grave. Il avait une gueule de dur a cuir bien carré avec des joues creuses. La forme de ses orbites proférait une ombre naturelle autour de ses yeux sombres et cernés.

L’homme fixa le barman de ses yeux terriblement sombres.
Serge soutenu le regard de l’homme. Serge ne savait pas si c’était de l’intimidation ou plutôt la lourdeur du récit qui allait lui être raconté, mais quelque chose l’incommodait dans ce regard lourd. Serge finit par détourner son attention vers les deux saouls qui parlait toujours de hockey.

Serge s’empressa de remplir une pinte de blonde et la glissa sur le bar vers l’individu.

– C’est la maison qui paye
– Merci
– Et alors cette histoire…

L’homme au capuchon gris souria pour la première fois, montrant une dentition teinté de jaune par le tabagisme.

– Je suis Seth Black, peut être as-tu déjà entendu parler de moi.
– Non ca me dit rien. Tu es célèbre?

Seth éclata de rire. L’atmosphère oppressante avait rapidement tourné a la camaraderie et c’est sur un ton léger que Seth poursuivit.

– Non pas du tout. Mon nom a circulé un peu dans les médias j’étais un témoin dans l’affaire du chirurgien de Verdun.
– Oui je me souviens, ca fait cinq ans. Ce médecin qui tuait des gamines. Putain d’histoire ca.
– Oui Uri Stromboss. Te souviens-tu de son surnom?
– Dr. Frankenstein
– Les médias s’en sont régaler.
– Des vautours ceux la! Et vous dans tout ca?
– J’y arrive.

Seth Black commença donc son histoire par le début.
Le douze octobre, il y avait cinq ans. J’avais été a une petite fête dans une usine abandonné a Griffintown. Le genre de soirée ou tout le monde est défoncé et danse comme des cinglés sur de la musique au volume beaucoup trop fort. Je me mêlais rarement aux foules et je détestait le bruit, alors je suis partis vers minuit. Je n’avais pas de voiture a l’époque, ni même de permis de conduire. C’est cette nuit la qui m’a changé. Les rues étaient désertes, il faisait froid et tombait une légère bruine. Rien de très mouillant, mais juste assez pour relever une odeur de pisse laissé par tout ces chats errants et les clochards qui squat les immeubles abandonné de ce quartier pourri. J’avais environ une heure de marche devant moi et un sale mal de ventre causé par une capsule d’acide qui ne m’avait rien fait d’autre. J’ai marché trente-cinq minutes pénibles, juste assez pour changer de quartier ou l’odeur d’urine se dissipa pour faire place a une odeur de moisissure. Rendu a Verdun près de la station de métro. J’ai aperçu…
Seth interrompit son histoire.

-Ressert moi une pinte

Le barman se dépêcha de lui resservir une pinte, pour que Seth continue l’histoire.
Seth prit une bonne gorgé et regarda Serge en silence avec un sourire en coin.

– Et alors qu’est-ce t’as vu?

Seth ricana, il prenait un malin plaisir a suspendre son histoire provoquant l’impatience du barman.

Mr. Black poursuivit son récit. Jai vu une fillette d’environ 7 ans, qui me regardait au loin marcher dans sa direction. Elle ne bougea pas et a aucun moment elle ne détourna le regard. Je commençais a croire que finalement La capsule d’acide agissait. Je ralentis a dix mètres d’elle. Elle n’avait toujours pas bougé. La pauvre petite était trempée, son visage n’affichait aucune émotion et elle était terriblement pale. Je m’approchai et lui demandai ce qu’elle faisait dehors a cette heure de la nuit. La fillette ne me répondit pas. Elle se contenta de me fixer du regard. Ou sont tes parents? Que je lui ai demandé. Toujours sans réponse. Malgré l’absence d’émotions qu’évoquait son visage, je perçus une immense tristesse a travers ses petits yeux noirs pleins d’eau. Je ne savais pas si je délirais a cause de la drogue ou si tout ceci se passait vraiment. La situation semblait irréelle. J’ai donc demandé a la fillette ou elle habitait? Elle se mit a marcher a petit pas saccadés, probablement incommodée par le fait qu’elle était trempé et qu’il faisait froid. Je la suivit en m’arrêtant a chaque pas, pour avancer a la même vitesse que la petite fille. Ca me parut une éternité, je ne pus m’empêcher d’espérer que cette hallucination se termine, que la fille avance plus vite et que je rentre chez moi. A un moment j’ai voulu la prendre dans mes bras, mais je n’aimais pas les apparences. Si quelqu’un me voyait… Par pitié faites qu’on arrive. Pendant tout ce temps nous n’avions parcouru que 15 mètres. Je voulais m’en aller, après tout elle avait l’air de savoir ou elle s’en allait. Non si jamais j’apprenais qu’il lui était arrivé quelque chose. Je ne me le pardonnerais pas. Je décidai quand même de prendre les choses en mains. J’ai accélérée le pas et je l’ai dépassé. Pour l’inciter a marcher a mon rythme. Ca n’a pas fonctionné, pire elle s’est même arrêter.

Soudain une dispute éclata entre les deux saouls assis sur la banquette. Une suite de jurons mal articulé ponctué du nom d’un gardien de but sortait de leurs bouches. Celui qui criait Price se leva sec et donna un bon coup de poing a l’autre qui était toujours assis. Le boxeur improvisé perdit l’équilibre a cause de ce léger transfert de poids, mais s’est retenu avec la table.

Seth fut amusé par la scène. Serge ne la trouva pas drôle, il sauta par-dessus le bar en criant et couru vers les deux ivrognes qui se livrait une lutte au corps a corps. Le barman entoura les deux hommes de ses énormes bras poilues dans une genre de prise de l’ours et les projeta tout les deux a l’extérieur. Le Barman affichait un air satisfait, il avait fichu 2 de ses 3 seuls clients de la soirée a la porte certes, mais il venait surtout d’exposer sa force très proportionnelle a sa taille de colosse, a son nouvel ami.

De retour derrière son bar Serge servit une pinte a Seth ainsi qu’a lui-même.

– Ces putains d’ivrognes! Santé
– C’était marrant
– La fillette elle s’était arrêté quand tu…

Seth repris son histoire. Oui c’est ca, donc je me suis rapprocher d’elle. Son petit bras trempé s’est levé tout doucement, elle pointait une fenêtre au sous-sol. La seule pièce de la maison qui était éclairé, derrière un rideau orange brulé. La petite se mit à courir vers le coté de la maison et disparut dans l’obscurité. J’ai attendu et j’espérait qu’une lumière s’allume pour confirmer que la petite était bien a l’intérieur. Je n’attendit pas plus d’une minute, mais cette minute sembla durer 1 heure. Je ne sais pas pourquoi, j’attendais un signe, que je lai suivi ou que je n’avais pas changer de trottoir en apercevant cette fillette. Aujourd’hui, je sais qu’il le fallait et c’est tout. Bref après cette interminable minute d’attente face a la maison. J’ai vu les rideau orange brulé s’ouvrir tranquillement, la petite me regardait de la fenêtre Et elle partit. Je me sentais immensément soulagé. Sans savoir pourquoi, j’ai marché sur la pelouse mouillé en m’approchant de la fenêtre, d’où émanait une puissante lumière. Telle une biche et les phares d’une voiture, cette lumière m’attirait. Ce que je vis a l’intérieur de la pièce me glaça le sang. Esther 6 ans, gisait sur une table la poitrine ouverte. Sur une autre table était étendu un autre cadavre, mais celui-ci en putréfaction et penché au dessus d’elle se trouvait un homme costaud aux cheveux gris vêtu d’un sarrau blanc qui a l’aide d’une énorme aiguille cousait la poitrine du cadavre pourrit. J’étais horrifié, j’ai couru vers le trottoir, mon cœur voulait exploser. Au milieu de la rue mes jambes ont paralysé et c’est la que j’ai appelé la police qui selon mon cellulaire est arrivé en 6 minutes. Tu pourrait croire que ces minutes m’ont paru la longueur d’une vie, mais non, c’était comme si j’étais pris dans un cauchemar sur pause. Moi-même étant sur pause devant la maison en plein milieu de la rue a regarder cette fenêtre illuminée, le temps n’existait plus. Pendant ces six minutes, il me sembla que rien n’existait sauf cette horrible frayeur que m’infligeais cette maison. Les sirènes de police m’ont donné l’impression de ramener a l’existence tout ce qui avait disparu pendant ces six minutes y compris le temps. On apprit dans les médias que Uri Stromboss 44 ans, chirurgien, en était a sa cinquième victimes. Tous des fillettes entre 6 et 8 ans disparu du centre hospitalier. Uri tentait de ramener sa fille décédé 1 an plus tôt, lors d’une noyade dans la piscine de sa cours. Il prélevait des organes dans le corps d’enfant en vie pour les transplanter dans le cadavre de sa fille.

– Putain d’histoire! Et la fillette dans tout ca?
– Ahhh! Exactement la question que je voulais entendre. J’ai appris pour la première fois dans les journaux et j’eus la confirmation plusieurs fois dans les médias et durant le procès. Que la fillette qui m’a conduis a cette maison le 12 octobre était Eva Stromboss. La fille décédé du chirurgien.
– Impossible!
– Aucun doute, j’ai vu plusieurs photos.
– Vrai ou pas, cette putain d’histoire on devrait y attacher un légende et la raconter autour d’un feu de camp pour faire peur aux enfants.

Seth Black reprit son air stoïque avec son regard sombre et sévère, puis il lanca sur un ton moqueur arborant un sourire diabolique.

– J’ai une autre histoire pour toi, celle-ci est très courte, mais tout aussi intéressante.

Serge n’appréciait pas l’attitude de Seth qui semblait scruter son âme avec un regard plein de mépris. Le Barman aurait voulu lui demander pour qui il se prenait, mais serge avait vu assez de blaireaux dans sa vie pour savoir que Seth Black n’en était pas un. Il ne se prenait pas pour qui que ce soit et se contentait d’être ce qu’il était. Alors Serge se tut.

Seth laissa s’écouler un moment avant d’ouvrir la bouche, il savourait le moment. Seth Black se leva lentement de son tabouret pour faire face au colosse et prononça ces quelques mots.

– La petite Margaret, m’a conduit ici. Elle est tout près de toi.

Serge horrifié regarda tout autour de lui et quand il se retourna pour questionner Seth Black, celui-ci avait remit son capuchon et tira Le barman d’une balle dans la tête.

Fin

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