Il est quatre heures du matin et la plupart des villageois se sont réunis dans l’église. Aux pieds de la déesse de pierre est agenouillé Joris et celui-ci souhaite toujours partir. En acceptant de se rendre à cet endroit, le jeune homme espère qu’il pourra quitter le village dans la journée avec l’accord de ses résidents. Aux côtés de la statue se tient le doyen qui n’est autre qu’une femme : Stéphanie. Ses longs cheveux blancs et sa tenue bleue claire renseigne Joris sur son identité première. En effet, celle qui se tient près de lui n’est autre qu’une sirène et certaines de ces créatures ont élu domicile dans la bourgade.
Alors que les habitants se montrent particulièrement silencieux, les flammes qui consument les mèches immaculées des cierges illuminent les lieux. Soudain, la vieille sirène fait entendre sa voix.
– Bienveillante et magnifique déesse, je t’appelle pour que tu puisses reconnaître ton enfant. Montre-nous la direction à prendre et dévoile à ton fils la raison de son existence.

Toutes les personnes présentent dans l’église regardent la statue et attendent un signe de sa part. La vieille sirène en fait autant et cette contemplation dure plusieurs minutes. Au bout d’un certain moment, des voix se font entendre parmi l’assemblée.
– Ben, tu es sûr que ce jeune homme est le protecteur de la déesse ? Demande Jodie.
– Oui et je peux te communiquer ma vision si tu veux ? Répond-il à sa petite sœur.
– Non merci.
– Dans ce cas, cesse de m’importuner.
– Taisez-vous s’il vous plait ! Intervient Liane qui est assise derrière eux.

Pendant ce temps, Joris remarque qu’il ne se passe rien et décide que cette comédie doit cesser. Alors qu’il relève sa jambe gauche sur laquelle il prenait appui afin de se mettre debout, des exclamations se font entendre venant des habitants. Dès que Joris regarde la statuette, il remarque que cette dernière verse des larmes d’or.
– Pourquoi pleure-t-elle ? Ose-t-il demander.
– C’est parce qu’elle t’a reconnu, mon enfant. Lui répond la sirène avant de regarder une femme rousse qui se tient au beau milieu des résidents. Yolande !
– Oui ma tante ?
– Va préparer les festivités.
– Entendu.

Très vite, la nièce de la doyenne se lève de son banc tandis que les villageois laissent éclater leur joie. Parmi ces personnes, Faridah discute avec sa sœur et peine à dissimuler son bonheur.
– Quand je pense que notre malheur va bientôt s’achever.
– Je n’ose y croire moi non plus, dit Rym en essuyant ses larmes.
– Vous êtes tellement naïves, intervient une troisième femme dont les cheveux sont rouges.
– Que veux-tu dire Lara ?
– A ton avis Faridah ? Je suis sûre que c’est une ruse mise en place par les anciens pour mieux nous contrôler.

58