J’avais quatorze ans, c’était la guerre.

J’avais quatorze ans, et j’avais la responsabilité d’un petit garçon.

Je travaillais pour un médecin, j’aimais mon travail, mais les bombes tombaient. Nous avions peur.

Mes parents, loin de moi, ne risquaient pas de me protéger. Nous sommes sortis de la maison, avons traversé la rue pour se cacher dans une cave. Il ne restait plus que la mère et moi dehors. Elle m’a regardé et m’a dit inquiète :

— Où est Louis ?

Je me suis tournée vers la maison. Elle a crié par-dessus le bruit assourdissant, les larmes coulant sur ses joues :

— Va le chercher !

Je me suis retournée, j’ai couru sans réfléchir, sans voir les maisons se détruire autour de moi. J’ai ouvert la porte. Le gosse pleurait, seul. Je l’ai pris et j’ai fais marche arrière vers notre refuge. Dehors, c’était l’apocalypse, une poussière épaisse volait dans l’air, étouffante.

Et là, devant moi, j’ai vu la mort. Un Allemand allongé sur le sol, agonisant. J’ai eu mal, très mal. Il m’a suivit du regard, j’ai pas pu m’arrêter. Je ne pouvais pas le ramener à la vie, mais je pouvais encore nous sauver, l’enfant et moi.

Un obus a traversé le ciel, s’écrasant devant mes yeux. Je tremblais, mes jambes avançaient encore. J’ai ouvert la trappe, nous sommes rentrés à l’intérieur.

Nous étions sains et saufs, mais dehors c’était la mort.

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