L’aube se lève sur le Locus. Dans son grand lit, Canyon se lève. C’est le grand jour. Celui qu’elle attend depuis plusieurs semaines. Auourd’hui va commencer le Certanem. Ce grand concours organisé par la Bulle pour accéder à sa protection. Canyon regarde par la fenêtre. Il pleut, comme presque chaque jour depuis le Deuxième Big Bang. Elle allume son iCould integré. La cicatrice est presque effacée. On lui a greffé dans le poignet le jour de ses quinze ans, comme à toute la population du Locus. Avec, la population a accès à toutes les informations concernant le Locus, et peut passer des appels, envoyer des documents…
Canyon trouve enfin l’information qu’elle cherche : le nombre de participants. Elle écarquille les yeux en voyant le chiffre qui s’affiche. Mille deux cent cinquante ? C’est beaucoup trop. La Bulle ne laissera pas passer tout le monde. C’est presque la moitié du Locus. Et la grande majorité va mourir. En effet, la Bulle n’ouvrira définitivement ses portes qu’à cent cinquante personnes. Canyon doit obtenir trois places. Une pour elle, une pour son père, et une pour son grand frère. Il est atteint de la peste du IIèm.B.B., comme beaucoup dans le Locus. Cette maladie le cloue au lit, et c’est une des raisons pour lesquelles elle doit absolument lui avoir une place dans la Bulle.
Elle sort de son lit. Pas besoin de réveiller les autres. Elle sort une combinaison grise de son armoire, et l’enfile à la va-vite. Elle a de la chance d’habiter dans la Ruelle 3. C’est, comme son nom l’indique, la troisième la plus riche sur les cinq existantes. La Ruelle 5 n’a même pas de quoi se nourrir convenablement, alors il n’est même pas à penser qu’ils puissent s’habiller avec une combinaison de cette qualité. C’est une de celle que portent l’Autorité, qui possède un revêtement électrique qui contre les coups du Sabre, l’art martial le plus efficace de l’après IIèmB.B. Mais, sachant que la Bulle n’autorisait pas ce type de combinaison dans le Torredo, l’arène de combat, elle avait découpé les parties du revêtement au niveau de ses organes vitaux. Elle espérait que cette marque de soumission serait suffisante à l’Autorité qui contrôlait les entrées dans le Torredo. Elle savait tout cela depuis longtemps, tant elle avait passé de temps à se renseigner sur son iCloud intégré.
Canyon sort de sa chambre, et passe devant la porte verte de la chambre de son frère. Elle lui envoie une pensée positive, en espérant qu’il guérira. Elle ne s’arrête en revanche pas devant la chambre de son père. Quand on avait annoncé le Certanem d’entrée à la Bulle, ce jeu de survie horrible dont seuls une poignée sortirait vivant, elle aurait aimé que son père se porte volontaire. Evidemment, s’il l’avait fait, elle aurait quand même protesté et aurait fini par y aller, obligeant son père à ne pas partir. Cependant, son père n’avait rien dit. Il avait attendu, le yeux baissés, qu’elle se propose. Quand elle l’avit fait, il avait fait semblant de protester mollement. Mais on voyait qu’il ne comptait pas y aller.
Canyon chasse ses pensées de son esprit et se dirige vers la cuisine. Elle mange un peu de pain, boit un verre d’eau, puis sort de la maison. Elle n’a rien emporté, car dans le Torredo, on ne peut rien prendre, sinon ses jambes à son coups. Elle monte sur les escaliers roulants, seul moyen de déplacement gratuit et rapide. Les gens se bousculent. Elle n’est pas la seule à se rendre à la Bulle, sans compter les familles qui accompagnent leurs proches jusqu’à la douane Autoritaire. Mais elle, elle est seule. Et ça lui convient très bien. Au fur et à mesure des changements de ligne, Canyon voit le paysage changer. Les belles maisons font places à des taudis, la ville à la campagne. Enfin, Canyon l’aperçoit. La Bulle se dresse devant elle, grande, neuve, et belle, comme une promesse de jours meilleurs. C’est le dernier changement. Un escalier roulant construit uniquement pour accéder à la Bulle. Il n’y a rien, au-delà. Juste la destruction causée par le IIèmB.B. Canyon sent un grand sentiment de liberté l’envahir.
Elle quitte enfin le Locus, cité désormais pleine de maladie, de crimes, de corruption et de dangers. Elle se sent déjà en sécurité.
Puis, elle se rappelle. Le Certanem la tuera sûrement. Elle serre les dents, et se force à descendre du taps roulant avant qu’on ne la pousse. Elle observe la Bulle. Elle est belle. Elle est grande. Et surtout, elle est protégée de toute entrée non-désirée par un grand dôme. Ca la rend très rassurante. Canyon essaie d’aprcevoir les portes. Au début, elle ne voie qu’un masse noire devant la Bulle. Puis, petit à petit, ses yeux comprennent. C’est la foule. Toutes ces personnes agglutinées devant la Bulle sont ces mile deux cent cinquantes personnes qui vont presque toutes mourir et leurs famille. Elle distingue à peine un grand panneau électrique signalant : « Douane. Merci de faire la queue ».
« Eh bien, Canyon », se dit-elle. « Tu n’es pas sortie de l’auberge. »

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