Je m’en souviens comme si c’était hier. À cette époque,la Terre avait atteint un niveau critique de pollution, en grande partie à cause de la production des usines clandestines. Les usines clandestines vendaient toute sorte de produits louches au marché noir, et leurs fabrication était extrêmement nocive à l’environnement à cause des fumées toxiqies.
Le jour du Deuxième Big Bang, je prenais le bus pour aller au lycée. Je bavardais avec une amie à moi, quand soudain, on a entendu un énorme bruit. Comme une gigantesque explosion. Mon amie a hurlé, comme une bonne partie du bus, mais ma réserve m’a empêché d’en faire de même. Le bruit continuait, et pire, se rapprochait. Les mains plaquées sur les oreilles, tout le monde se précipita hors du bus pour « voir ». Ce qui fut à la fois une bonne et une mauvaise idée. Mauvaise dans le sens ou quand l’explosion arriva sur nous, nous n’étions pas protégés par le bus, mais bonne dans le sens ou on pouvait espérer qu’il y ait des survivants. Tout le monde a été éjecté par le feu, chacun dans une direction différente, mais tous à des distances impressionantes. Il aurait fallu avoir beaucoup de chance pour survivre. Je fais parti de ceux-là. Me relevant tant bien que mal, j’ai analysé la situation d’un rapide coup d’oeil. Toute la ville semblait avoir été atteinte, peut-être plus encore. Je ne le savais pas encore, mais en réalité, c’est toute la Terre qui avait été touchée. Mais, ô chance dans le malheur, l’explosion avait eu lieu en Chine, où la plus grande usine clandestine du monde venait d’exploser, provoquant une réaction en chaîne de toutes les usines de ce coin – la. Et nous habitons à l’autre bout de la Chine. J’ai cherché tant bien que mal des survivants, perdue dans les décombres. J’entendais des gémissements, mais je ne pouvais rien faire. J’avais trop peur. J’ai cherché à rentrer chez moi. Quand je suis arrivée à la maison, j’ai découvert avec joie que mon père et mon frère y étaient. En vie, je veux dire. Nous sommes restés terrés dans les restes de la maison toute la journée. Ce n’est qu’au matin suivant que j’eus le courage d’aller jeter un oeil dehors. À cette époque, j’étais plutôt assez réservée pour mon âge, mais ce n’était rien en comparaison à celle que je suis aujourd’hui. J’étais du genre à me laisser emporter à la peur. Ainsi, quand je suis sortie, j’ai crié. Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Peut-être à ce que les cadavres aient disparus, à ce que le ville se soit reconstruie. Évidemment, il n’en était rien. Le vide. Juste les décombres, ce silence, et moi coincée entre les deux. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis rendue compte de la gravité de la situation. Nous étions peut-être, ma famille et moi, les seuls survivants de ce qui se nommerait plus tard le Deuxième Big Bang, ou IIemB.B. J’ai hurlé « à l’aide » partout, en courant dans la ville, sans recevoir de réponses. Des centaines de scénarios se sont engendrés dans mon esprit. Je continuait malgré tout à courir, dépassant bientôt les limites de la ville. L’explosion avait tout détruit. Il ne restait plus rien. Des champs aux habitations en passant par les supermarchés et les routes, tout, tout, il ne restait plus rien. Je commençais à perdre espoir de trouver un jour de l’aide, quand soudain, je m’immobilisait. J’avais cru entendre… Je criai à nouveau pour en être sûre. Et j’entendis à nouveau un hurlement. Je me mit à galoper vers le son en hurlants. J’entendais un cri humain. DES cris humains, d’ailleurs. Galopant de plus belle, je finis par les apercevoir. Ils étaient beaucoup, une centaine peut-être. J’ai soupiré de bonheur. Puis je me suis approchée.
-Bonjour, ai je dit, les larmes aux yeux.
Les personnes me répondirent d’un signe de tête. Une femme se démarquait clairement du groupe. Je l’aurai qualifié de chef. Elle était jeune, plutôt jolie, et un mélange d’intelligence, de bonté et de confusion flottait sur son visage. Je me suis dit que j’allais l’apprécier.
-Bonjour, me répondit-elle. Tu es seule ?
Je compris qu’elle parlait de survivants.
-Mon père et mon frère sont à ma maison, à Lunbourg. Il est malade.
-Tu viens de loin, dit donc. Il y en a beaucoup qui sont dans ton cas. Nous avons tous perdus des gens chers.
Et c’est seulement maintenant que j’ai pensé aux gens que j’aimais qui devaient être morts. Ma mère. Ma meilleure amie. Mon copain. Et, comme je le disais, à cette époque, j’étais encore du genre à me laisser emporter. Je fondis en larmes.
-Ne t’inquiète pas, fit la femme. Tu n’es pas seule, et d’autres après toi vont arriver. Nous nous sommes organisés.
Elle montra le groupe de survivants du doigt.
-Nous devons être un millier. Oui, c’est beaucoup. Mais tout de même très peu. La plupart sont en train de rechercher d’autres survivants. Nous allons en envoyer immédiatement vers Lunbourg. Saurais-tu nous indiquer le_chemin ?
J’ai mis un instant à répondre, le temps de digérer ces informations. J’étais sauvée ! J’ai hoché la tête. Elle m’a souri.

C’est là que ma nouvelle vie à commencé.

99