Isebrah courait à travers bois. La fatigue accumulée ces derniers mois la ralentissaient, ainsi qu’une sale plaie à la cuisse. Ses muscles brûlaient, ses pattes accusaient moins bien qu’avant le contrecoup des longs kilomètres parcourus.
Trois jours de traque.
Trois jours !
Isebrah n’était plus toute jeune, mais elle possédait une certaine expérience ; elle avait senti la noix vomique qui constituait une partie d’un poison à loup, avant de déguerpir. Maudits verriers ! Sans eux, la louve n’aurait pas perdu son louveteau en route ni fuit sa propre meute. Sans eux, il n’y aurait pas eu ces innombrables tensions parmi ses congénères.
À bout de force, l’ancienne femelle alpha redoubla pourtant de vitesse pour espérer distancer ses poursuivants, mue par la colère. Dans le lot, elle en étriperait peut-être un ou deux, mais elle savait que les autres ne cavaleraient pas pour autant devant la menace.
Un hurlement de rage faillit lui échapper. Son animal occupait de plus en plus de place et commençait à s’émanciper.
Pas maintenant ! supplia-t-elle en crispant la mâchoire.
Sa blessure se rappela à elle, la douleur irradia, puis engourdit sa patte. Isebrah trébucha sur une souche d’arbre avant de rouler sur un tapis de feuilles. Sa course ainsi stoppée, elle ne parvint qu’à se redresser et, déjà, on s’approchait dangereusement. Ceux qui la pourchassaient n’avaient pas froid aux yeux. Ils puaient l’audace et la fierté. Une autre odeur, subtile, se cachait derrière leur témérité. Impossible de déterminer laquelle. La louve la reconnaissait pourtant !
Elle baissa la tête en grognant quand deux hommes apparurent de derrière les fourrés. Isebrah n’avait pas affaire à des verriers comme elle le croyait. Ces inconnus portaient des fioles magiques sur eux, autour du cou et dans leurs poches. Des talismans protecteurs, aussi, et ils avaient les cheveux blancs des magiciens. Bien enfouis en eux, leurs pouvoirs réapparaissaient peu à peu et Isebrah les percevait correctement, maintenant. Les fourbes ! Ils avaient caché leurs dons pendant la chasse pour brouiller la piste des autres loups. Un plan élaboré que celui de ces monstres. Isebrah savait ce qu’ils attendaient d’elle : sa blessure les avait attirés, ils désiraient plus de sang.
Elle eut à peine l’occasion de bondir quand l’un d’eux lança un sort d’immobilisation. Elle s’empêcha de hurler. Si le moindre cri s’élevait de sa gorge, ses congénères rappliqueraient droit dans un piège.

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