Un sommeil profond s’était installer lorsque trois coups furent frappés a la porte. Trois coups de trop selon l’avis d’Ayla qui, encore a moitié endormie, fit passer son édredon sur son visage fatiguer.
– Ayla ! Fit la voix d’Anne en claquant comme un fouet, Ayla ! Leves-toi immédiatement !
Pour toute réponse, la jeune fille émit un grognement de mécontentement. Comment pouvaient-ils la réveiller de cette façon ? C’était toujours la même chose. Toujours a la déranger, toujours a venir l’enquiquiner pour un rien au moment le plus agréable ou celui le plus essentiel, lors d’une tache ou d’une action.
– Ayla !
– J’arrive, s’écria la jeune fille abattue, j’arrive …
Ayla ouvrit les paupières. Dehors, par la fenêtre encore entrouverte (elle avait eu la flemme de la fermer, trop fatiguer de sa fugue nocturne) le soleil venait de se lever. Habituellement, c’etait le début de la journée et dans la glorieuse ville d’Ariana, située a l’extreme Ouest du royaume, l’apparition de ce globe lumineux désignait le lever des habitants. Des habitants oui, mais pas son réveil a elle ! A vrai dire, elle n’était pas très forte pour respecter les règles de vie de la citée … ou les règles tout court d’ailleurs. Le problème n’était pas qu’elle n’aimait pas ces règles, même si elle ne les adorait pas non plus en vérité, mais elle ne le faisait pas exprès. C’était plus fort qu’elle. Lorsque les gardes de la ville lui interdisait l’accès a un bâtiment, sa première envie était d’y aller. Juste pour savoir ce qu’il y avait derrière. Sa grand-mère disait qu’elle avait un esprit aventurier et rebelle. Aventurier car sa curiosité n’avait pas de limite et aucune épreuve ne lui résistait. Rebelle car elle détestait obéir aux ordres comme une gentille petite fille.
– Ayla ! s’égosilla Anne depuis le rez-de-chaussée.
– J’ARRIVE !
Avec une lenteur monotone, elle se leva et s’habilla. La jeune fille jeta un regard ensommeillé sur le miroir accrocher au mur. Les cheveux roux emmêler dans une tignasse qui lui retombait sur les épaules jusqu’a son bassin, grande de taille malgré son jeune âge et fine comme une brindille elle se trouvait blanche comme un linge et ses taches de rousseurs ressortaient sur ses joues a peine roses. Mais ce n’est pas ce qu’Ayla préférait chez elle, ce qu’elle préférait, c’était ses yeux en amandes, l’un bleu clair comme de l’eau de source et l’autre vert avec des paillettes d’or au niveau de la pupille. Un regard qu’elle jugeait mystérieux mais que les autres Phees trouvaient effrayant. Pourtant ce n’était pas la chose la plus dérangeante du monde, surtout dans le royaume des Phees. Ce peuple pacifique vivait dans le royaume d’Ormidia, constituer essentiellement de forets, de bois, de lacs, de montagnes et de clairières. La végétation luxuriante rendait le paysage paradisiaque et les citées Pheeriques, faites de marbre et de pierre, se dressait par dizaines, voir même centaines a Ormidia. Des plus grandes aux plus petites, des plus humbles aux plus riches, toutes étaient différentes et pourtant identique. Le réveil des habitants au lever du jour, le couvre-feu lorsque le soleil se couchait, les mêmes règles, les mêmes lois … Des fois, Ayla ne comprenait pas pourquoi les Phees vivaient ainsi, suivant tout ce qu’on leur disait a la lettre, écoutant gentiment les ordres, vivant au rythme d’une ville qu’apparemment personne ne souhaitait quitter. Peut-etre ce manque d’envie de liberté était du au fait que les légendes sur les monstres, que ce soit ceux de la foret ou ceux de l’autre coter de la frontière qu’on nommait les  »Phees des glaces », venaient roder la nuit dans les rues désertes et sombres. La frontière. La jeune fille avait souvent poser des question sur cette étrange frontière garder par la garde d’Ormidia que personne ne devait franchir pour  »leur sécurité ». Mais a chaque question qu’elle avait poser, un regard noir remplis de peur et une punition avait suivit la discussion. Pourquoi ce manque d’envie de savoir ? Qui avait-il vraiment derrière cette curieuse frontière interdite ou les créatures qui vivaient sur le royaume mort juste derrière étaient froidement nommées  »Les Phees des Glaces » ?
– AYLA ! résonna la voix furieuse de Anne.
Cette fois-ci elle était vraiment en colère. La jeune fille dévala l’escalier et se faufila dans la cuisine jusqu’a sa chaise pour le petit-dejeuner. Anne, sa grand-mère, était occupée a découper le pain avec un large couteau.
– Vraiment, soupira la vieille femme, tu pourrais faire un effort !
– Désolé grand-mère, s’excusa Ayla en enfournant dans sa bouche le pain plein de confiture, j’étais fatiguée …
– Fatiguée ? dit Anne, oh ça oui tu es fatiguer ! En même temps si tu ne sortais pas tous les soirs en cachette pour ne rentrer que le lendemain matin tu serais beaucoup plus en forme que tu ne l’es actuellement !
– Je ne sors pas … voulut protester Ayla.
– Pas de ça avec moi jeune fille ! siffla Anne en agitant dangereusement le couteau a pain devant son nez, je ne suis pas aveugle ! La prochaine fois que je te prend a sortir après le couvre-feu je te fais rotir dans ma soupe avec les petits légumes c’est bien clair ?
Ayla hocha piteusement la tête. Elle savait bien qu’après quelques heures Anne lui aurait pardonner. Ce soir, elle pourrait a nouveau s’échapper de ce logis, de cette ville, de cette vie étouffante. Apres avoir manger un bon repas copieux, la jeune fille voulut retourner dans sa chambre.
– Pas si vite ! la rattrapa in extremis Anne, ou tu t’enfuis comme ça ?
– Euh … dans ma chambre ? tenta Ayla.
– Et tu n’as pas des cours aujourd’hui ? lui demanda la vieille femme en plissant les yeux, tu prend ton sac et tu files a l’école. Maintenant !
Ayla attrapa le sac en toile et enfila ses chaussures avec réticence. L’école … Pourquoi avoir inventer cette pure torture alors qu’un monde plus fabuleux et excitant l’attendait la, juste dehors, derrière ces remparts ? A quoi servait l’apprentissage des déplacements solaires et lunaires, la géographie de leur continent et les autres cours plus qu’inutile ? Les déplacements solaires ? Si c’était pour connaitre par coeur l’heure qu’il vous restait avant le réveil ou le couvre-feu a la seconde près mieux valait sauter de la plus haute tour. Les déplacements lunaires ? Ils ne sortaient jamais la nuit ! La géographie ? Tout le monde savait que le continent était séparer en trois section, celui du royaume d’Ormidia a l’Est, celui du royaume interdit a l’Ouest ou vivait selon les gens les  »Phees des Glaces » et le monde désert au Nord tellement escarper et dur qu’il était quasiment impossible d’y vivre. D’ailleurs, la ville d’Ariane étant a l’extreme Ouest du royaume d’Ormidia, Ayla pouvait chaque jour a chaque heure voir la frontière juste a coter de la ville, tellement haute qu’elle dépassait tous les arbres. Elle aurait mille fois préférer dehambuler le long de ce mur gigantesque qui les séparait du royaume interdit que de marcher dans cette ville ou il ne se passait jamais rien. Mais Ayla quitta néanmoins la maison familiale ou elle résidait avec sa grand-mère pour partir a l’école. Enfin, ça c’était ce que sa grand-mère croyait. Mais son coeur lui dictait une autre conduite, son coeur lui montrait une autre direction, une autre voie … celle du royaume interdit … celle des mystérieuses  »Phees des Glaces » … et elle pris la direction de la frontière.

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