La caresse du vent sur son visage indiquait à Meriem qu’il avait enfin atteint son but : le sommet de la montagne où l’on avait inhumé le roi Henrien II le Conquérant. Après tant d’années à chercher le moindre indice dans toutes les bibliothèques du royaume de Darn, il n’était plus qu’à quelques heures de méditation de l’incroyable trésor de Henrien. Les anciennes légendes racontaient qu’il avait amassé l’or, les joyaux et les reliques de dizaines, voire de centaines de royaumes conquis, ce qui lui avait valu son surnom. Meriem s’assit en tailleur, ferma les yeux, et se laissa porter par le souffle du vent qui, disait-on, contenait les paroles de l’ancien roi…

Après un certain temps, sans qu’il soit en mesure de le définir précisément, Meriem fut tiré de sa méditation par un souffle froid sur son cou. Ouvrant lentement les yeux, il fut pris d’une effrayante surprise en voyant devant lui un chevalier qui tenait sa lame collée à sa gorge.
– Qui es-tu ? Lui demanda le chevalier.
– Je… Je ne suis qu’un humble voyageur qui cherchait la méditation…
– Et la salle du trésor du roi Henrien, n’est-ce pas ? Tu sais où elle est, à présent, sans doute… Tu as assez écouté pour qu’il te le dise…
Meriem ne savait que répondre, mais ses yeux parlaient pour lui. On pouvait y lire la peur et la surprise, mais surtout qu’il avait bel et bien entendu le roi à travers le vent. Le chevalier soupira.
– Bien… J’imagine que je ne peux rien faire pour t’empêcher de t’y rendre, dans ce cas.
Le chevalier rengaina son épée et fit demi-tour, à la grande surprise de Meriem, qui s’empressa de redescendre et d’ouvrir le mausolée.

Après deux heures de marche dans l’obscurité du tombeau, il trouva enfin ce qu’il cherchait. De l’or et des joyeux à perte de vue, une mer brillante, le plus grand trésor qu’il ait jamais vu et que personne verra jamais. Euphorique, Meriem posa sa torche et sauta dans un énorme tas d’or, se demandant comment il allait bien pouvoir ramener un tel butin.. Soudain, la porte de la salle du trésor se referma, sans laisser le temps à Meriem de sortir. Une trappe s’ouvrit un peu plus tard dans le mur, lui laissant voir le visage du chevalier qui l’avait menacé de son épée.
– Encore toi ? Hurla-t-il. Mais qu’est-ce que tu veux ?
– Je ne fais que protéger le vent et ses secrets. Telle est ma mission. Et il n’y a plus qu’une issue pour toi.
Meriem ricana.
– Ah ! Tu crois vraiment que je vais mourir ici ? Je trouverai une sortie, il y en a forcément une.
– Certes… Si tu en as le temps.
Le chevalier referma la trappe, laissant Meriem seul dans le silence. Un silence qui ne mit pas plus d’une minute à être brisé par le bruit d’ossements qui craquaient… La dernière vision du cupide Meriem fut le roi Henrien II qui s’avançait vers lui, sa main squelettique se refermant sur son cou…

À l’extérieur, le chevalier ne manifestait aucune émotion. Il était un Chevalier du Vent, et son devoir lui disait de tuer tous ceux qui voulaient s’emparer des secrets de la Voix des Anciens, quels qu’ils soient…

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