Davos:
-Fait trop chaud là-dedans et faut vraiment que j’y aille, grommela Davos a mi-mots.
Quittant les machines et ses innombrables rouages, Davos se dirigea vers la sortie. Trempé de sueur, il passa dans la salle de désinfection de l’usine puis se changea pour revêtir ses pauvres haillons. Une fois sur le palier, il eut à sa guise l’occasion d’observer la ville, sa ville.
Cette dernière était d’une pauvreté…non pas qu’économique mais aussi visuelle. Ce n’était qu’un amas d’usine, de scierie, manufacture et de bidonville. Elles s’entassaient les une sur l’autre, ne laissant que d’étroits interstices et corridors ou la racaille et le bas-peuple côtoyaient la misère et le souffle dru des machines. Car l’industrie passait bien avant tout, la population, ouvrière dans la majorité, dépendait d’elle. Vu du ciel, « la ville smog » comme on l’appelait, ressemblait a un microcosme fait de fer, d’acier et de fumée.
Ah, la fumée… la caractéristique essentiel de cette belle ville, ironisa Davos.
La fumée que dégageait « la ville smog » était un condensé de produit toxique, de charbon et de sueur. Elle brouillait le ciel autant que l’esprit. Lorsqu’il pleuvait des cordes, c’était une pluie rêche et acide, composé d’eau souillé par la pollution et les vapeurs dégagé par les innombrables usines. Belle progression du machinisme…
Et ce fut cette pluie même qui dégoulinait le long du front de Davos. Ce dernier partit chercher son fils, son seul fils. Il suivit les longues ruelles boueuses, jusqu’à l’école. Son fils l’attendait et, le voyant arriver, ce dirigea vers lui d’un pas pressé.
«-Tout va bien fiston ? S’enquit Davos
-Bien, marmonna Brian.
Ce dernier n’avait jamais été très prolixe et faisait souvent profil-bas. Ils atteignirent finalement la maison, trempée jusqu’à l’os. Davos était toujours gêné la vue de leur taudis. Car ce n’était qu’un taudis, fait de taule et de bois. Je me devrais lui offrir quelque chose de plus décan, pensa t’il. Depuis la mort de ca mère, je lui devais bien ça.
Brian:
Brian n’aimait pas l’Histoire. Non pas pour une préférence ou par fainéantise de s’y intéresser. C’était le contenu qu’il exécrait : le grand règne d’Adolf Hitler qui vainquit ses adversaires lors de la seconde guerre mondiale, voila un siècle de cela, et régna jusqu’à l’âge de 98 ans, puis son successeur Théodore « Feu-d’amour »qui enclenchât un nouveau régime monarchique et se proclama roi juste après la 3eme guerre mondiale. « Quel culot », voila la seule phrase que son père prononça lors de son couronnement. Lorsque Brian lui demanda plus tard le fond de ça pensée, Davos lui expliqua : « Car la 3eme guerre mondiale fut un échec pour tout le monde fils. Les puissants larguèrent leurs bombes nucléaires sur leur voisin, puis leur voisin faisait de même. Chacun se refilant le bâton merdeux qu’était la radioactivité. Et ça continuait ainsi de suite, en un clic les drones tuaient des milliers d’innocents, les cybercriminels faisaient exploser les usine nucléaires tandis que les politiciens de chaque pays tenaient le même discours a la populace : « accrochez vous, vos voisins veulent vous égorger, ne vous laisser pas faire ». S’en suivait les mensonges sur la radioactivité : « elle ne nous a pas atteint ! » proclamaient t-ils le sourire aux lèvres, alors qu’elle s’infiltrait déjà en eux, les faisant vomir leur tripes à en mourir sous les yeux de leur enfants. Mais tout ça, c’était fini. Plus de discours, plus d’armée, plus de nucléaire. Ce fut aux survivants, aux déserteurs, aux orphelins, à des gens comme toi et moi de reconstruire le monde. Bâtir une cité sur les cendres d’une civilisation corrompue, voila ce qu’était leur mission. Les gens se regroupèrent, instinct de survie diront certains, et construisirent cette ville a partir de rien. Plantant des rondins de bois pour fondation, de la taule pour les toits et de la boue séchée pour les murs, tu sais comment on appelle cette période ? »
« -La grande misère ». Brian avait tout de même de nombreuse notion en Histoire malgré son aversion pour elle.
« Exactement, et au fur et à mesure que les bidonvilles se formèrent, et que la population augmentait, il fallut des ressources pour maintenir se semblant de société. Alors les premières usine furent crée, il s’agissait surtout de scierie au départ, et la vie en société s’organisa. Les hommes travaillèrent dans les manufactures et les femmes gardaient les enfants et offrait leur corps de tant a autre pour une bouchée de pain… »
Son père marqua un temps, la mine basse, il lui était difficile d’évoquer la grande misère sans penser a sa femme qui…
-Papa, comment Théodore « Feu-d’amour » est arrivé au pouvoir ? l’interrompit Brian
-Toute société a besoin d’un chef pour diriger le troupeau. Théodore n’était peut-pas le plus apte mais il était le plus…persuasif. Il atteignit le poste de chef par la violence de ses hommes et son argent, nous étions trop faibles et trop occupé pour même penser à lui résister…et puis tu sais autant que moi d’où lui vient son surnom.
Oh que oui, je l’ai même vu, de mes yeux vu, brûle une femme sur la place publique pour avoir volé la bourse d’un sergent de la milice.
Son père se versa un verre de boue-noir, c’était la boisson de ville smog a base d’alcool et de sang de porc, l’eau étant trop polluée pour être bu. Et Brian sut que son père ne dirait plus un mot de la soirée, qu’il noierait son deuil et sa fatigue au fond de son verre
Brian partit se coucher tout en songeant a la sortie de demain. Demain l’école les emmenait pour la première fois, lui et les autres de la « jeunesse doré » au cabaret de Ville Smog.

Mr loyal:
Sifflotant tout en martelant le béton de sa démarche implacable, Rodéric prit la direction du cabaret, mon cabaret songeât-il, j’en suis le seul maître. A vrai dire le cabaret contrastait dans cette ville terne et grise, le tissu rouge et jaune attirait immédiatement le péquin moyen comme une mouches a une merde. Les clowns multicolores, bouffis dans leur costume, vaquait péniblement au alentour du cabaret, buvant, baisant ou faisant des paris comme s’enfoncer le plus de crochet dans la peau le plus vite possible ou d’autre absurdité selon Rodéric. Des sauvages…
Le poste de clown était le seul convenant aux malades mentaux de ville smog : il divertisse par leur folie et ne demande pas de salaire. C’est tout ce que j’attendais songea, satisfait, Mr loyal.
Arrivé sur place, il se faufila dans sa loge. Il retira son long manteau rouge vif pour ajuster sa chemise et sa cravate en vu du spectacle de ce soir.
-C’est un grand jour. Je me dois d’être présentable. Garçon ! Aboya-t-il
Un jeune garçon d’environ 10 ans, apparu d’emblée a la porte de la loge.
-Oui messire ? demanda timidement le gamin
Rodéric adorait ce titre que sa Majesté lui avait fait grâce et cela se voyait : la fierté faisait rougir ses joues grasses.
-Aide moi donc a m’habiller, ordonna t’il.
Une fois nu, Rodéric se laissa préparer par le gamin. Ce dernier lui enfila son pantalon, serra sa ceinture au maximum tout en repoussant les énormes bourrelets de son maître et lui attacha sa chemise. Malgré le corps disgracieux et suant par tout les pores, le garçon ne fit pas mine d’être gêné. Mais elle était trop petite maintenant et le garçon peinait a lui fermer.
-Messire je n’arrive pas… enfin la chemise…
-Quoi ? Qui y a-t-il ?
-La chemise est trop petite messire, souffla t’il.
Rodéric fronça les sourcils : elle m’allait il n’y a pas si longtemps, insinue tu que je suis gros ? Aller répond sale morveux, et tu vas voir…
-Eh bien… avec tout le respect que je vous dois je le crains messire, mais je peux aller en chercher une autre si…
Il n’eut pas le temps de finir sa proposition que Rodéric le gifla de sa grosse paluche. La marque des doigts boudinés s’imprimèrent sur la joue du garçon.
-Aller casse toi de là, et tache de me trouver cette chemise et vite.
Le gamin partit en vitesse mais Rodéric l’interpella une dernière fois : « Les garçons sont-ils près ? »
-Oui messire dit le laquais en s’inclinant.
-Bien, je me vais leur parler avant le spectacle de ce soir. Un spectacle à ne pas manquer j’vous le dis, Théodore sera satisfait du bain de sang…
Davos:
Davos emmena son fils, a pieds, jusqu’au cabaret ou devait l’attendre ses camarades et l’instructeur attitré de la « jeunesse doré » : Mr Pignonnet
En raison de la faible natalité, la « jeunesse doré » ne se composait que d’une trentaine d’élève.
Ils traversèrent la ville, empruntant les chemins étroits, longeant une centrale thermique dont les vapeurs faisait fit de brume, et entrapercevaient à travers cette dernière les couleurs criarde du cabaret.
-Ah, mon cher Davos, je suis plus que ravie que vous avez ramené votre fils Brian pour assister au spectacle de ce soir, s’enthousiasma Mr Pignonnet.
Ce dernier avait un corps tout longiligne, le visage fin et marqué aux joues par les quelques rides que le botox n’avait éliminés. Très grand, il se pliait toujours pour vous parler, ce qui mettait ses interlocuteurs mal a l’aise. Une sorte de grande ombre rachitique empestant la pisse de chat. Il était habillé d’un costume trois pièces bon marché élimé aux manches ainsi que d’un haut de forme qui dissimulait mal le peu de cheveux qui lui restait.
-Je n’y participe pas, répondit d’un ton froid le père de Brian.
-Oh, vraiment. Vous m’en voyez navrer. Le professeur prit en accolade Davos et lui souffla a l’oreille : Vous savez, Théodore préfère que son peuple assiste aux jeux de ce soir. Cela permet de se détendre et (Le parfum de son interlocuteur lui piquât les yeux) de profiter du spectacle. .J’appelle plus cela de la perversion songeât-il.
Mr Pignonnet se redressa et posa une main sur la tête du petit : je suis sur que le petit Brian sera fier d’avoir son papa a ses cotés surtout pour cette première fois. Il n’ pas besoin de voir ça.
Davos n’avait aucune confiance dans l’instituteur de Brian, mais c’était un ami proche de Théodore feu-d’amour et ce dernier lui donna le privilège d’instruire la jeunesse doré. Doré… encore une stupidité débité par le royaume. Tout ça parce que ces jeune n’on pas connu la grande misère…ça ne les empêche pourtant pas de vivre les deux pieds dans la merde.
Sous le regard pressant de son fils, Davos concéda à accompagner son fils au spectacle hebdomadaire.
Mr Loyal:

Ouvrant la lourde porte d’acier qui menait au sous –sol, Rodéric descendit les quelques marches pour rejoindre sa cargaison pour le spectacle. Son épaisse moustache poivre et sel frétilla a la vu des gamins attachés aux croix de fer. Ah les croix de fer, vestige d’une lointaine époque, la grande misère, ou l’on écartelait les opposants. Qu’il me manque ces bruits de craquement d’os et de tendon, songea Rodéric nostalgiquement.
-Bien mes petits oiseaux, se soir est le grand soir. Nous fêtons les 33 ans du début de la grande misère. Soyez digne clama t’il d’un ton mielleux
Les gamins hochèrent la tète mais aucun d’entre eux ne lui répondit verbalement. Docile avec sa .Alors qu’il’ apprêtait à quitter la pièce, un des bambins se mit à sangloter, discrètement mais Rodéric avait l’ouïe fine .Il fondit soudain lui.
-J’espère que tes réveillé mon gars, tu ne pourras pas pleurer comme sa sur le terrain lui aboya t’il au visage tout en lui martelant la joue d’une claque.
L’autre ne s’arrêtant pas de pleurer, cela mit Rodéric hors de lui, comme dans ces nombreux accès de folie. J’ai horreur des gamins mais des petite pleureuse encore plus. Il empoigna le petit crane de sa victime du jour et la projeta sur la croix de fer. Cette dernière émit un bruit sourd et résonna dans le souterrain, les autres enfants ne bronchaient pas. Rodéric n’attendit pas que le gosse se relève qu’il l’empoigna de nouveau. Il le projeta, plus fort cette fois, et l’enfant tombait au sol comme un pantin désarticulé, le visage couvert d’hémoglobine. Rodéric s’éloigna d’un pas lourd, essayant de calmer ses nerfs. Je tremble, non Rodéric, ne tremble pas pour cette vermine, il ne le mérite pas, chut… calme toi. Notre bon Mr Loyal reprit son souffle, il fit volte face mais…
– Non mais ce n’est pas vrai, tu as taché la croix de fer ! Beugla-t-il.
La croix de fer était couverte de sang, et le gamin, rampant comme un estropié, la vue brouillé par son propre sang sanglota quelques mots :- pardonnez moi, j’aurais du saigner sur le sol.. Je…
Rodéric ne lui laissa pas le temps de finir, il l’empoigna par les cheveux si fort que certains restèrent dans sa main et il pressa la tète du gamin tel un citron pourri contre le bitume encore et encore… Saleté, il m’a en plus tout salit.
Une vague bouilli flottait sur le sol, telle une éponge de mer.
Ce n’est rien Rodéric. Que de la viande…oui que de la viande ces ça. Mais que va dire le maitre s’il manque l’un d’eux ? Au diable son avis, si on a plus le droit de s’amusé…

Brian:
Ils pénétrèrent tous ensemble dans l’immense chapiteau aux couleurs criardes. Les clowns les accueillaient avec des sourires figés et des bonbons plein les poches. Les bambins profitèrent de cette effusion de couleur et de nourriture a grand cris. Que cela parait irréel songea Brian. En effet, le contraste entre l’extérieur était plus que flagrant. Brian repéra nombre de gens qu’il connaissait : la famille Margnollet et la famille Gauchet et notamment leur fille Clarisse. Qu’elle est belle dans sa robe de soie, fantasma Brian. Seuls ses pieds qui s’enfonçaient dans le sol boueux lui rappelèrent qu’ils ne se trouvèrent pas dans un palace et que Clarisse n’était rien d’autre qu’une fifille a son papa, pourri gâté. Il me faudrait une vie entière pour acheter une robe dans ce genre…
-Aller en place mes tout beaux, cria Mr Pignonnet de sa voix suave.
La « jeunesse doré » se pressa de rejoindre l’estrade. Tous s’installèrent avec excitation, ils ne tenaient plus en place. Son père et lui prit deux place vers le fond. Brian remarqua le visage marqué par l’âge et les efforts : Il a l’air tendu…et fatigué avec sa.
Davos avait la mine basse, des cernes creusé sous les yeux et il marmonna des choses que Brian n’entendait pas.
-Papa, tout va bien ? J’espèrerai que tu pourrais pouvoir m’offrir une glace, Vu que tu ne ma rien offert pour mon anniversaire songeat’il, et puis…
Sa voix fut couverte par la voix tonitruante de Mr Loyal qui fit son entrée par le piteux rideau rouge : « Bienvenue a vous mes amis, ce soir est un soir spéciale car nous fêtons les 33 ans des débuts de la grande misère ! » La foule l’acclama d’une seul voix mais Brian songea que quoi que Mr Loyal aurait put dire, la foule aurait agit de même. Bande de faux-cul.
Mr Loyal se tourna vers le balcon réservé a sa Seigneurie, que le bas peuple ne pouvait voir d’en bas, et dit : « J’espère sincèrement que le spectacle de ce soir sera au gout de sa Majesté, je ferais tout mon possible pour vous plaire. » Aucune voix de lui répondit, mais le petit sourire du Mr Loyal fit penser a Brian que Théodore Feu-d’amour dut lui accorder un mince signe de tète, voir qu’il est daigner lever son verre. Quel honneur…
-Sans plus attendre…, que les paris commencent ! Hurla l’animateur reprit bientôt par toute l’assemblé. –Musique ! Les clowns commencèrent à jouer de leurs trompettes, de leur contrebasse, de leurs cymbales créant une cacophonie pour le moins dissonante. Ce qui n’eut pas l’air de gêner qui se soit a part lui même et surement son père : -« De la musique joué par des fous pour des fous. Regarde autour de toi, Brian, la bêtise humaine incarnée… »
Et Brian, comprit vite le sens des paroles de son père. Le rideau rouge sang se leva, tracté par deux clowns, la bave aux lèvres, et laissa apparaitre quatre enfants à peine plus vieux que Brian. Quatre autres clowns apportèrent deux grandes cages aux barreaux rouillés, l’acier rongé par la fureur des chiens sauvages…et la musique continuait.
-C’est l’heure de la chasse, AHHOUUUU ! Beugla un homme rondouillard tandis que sa grognasse pouffait tout autant. Davos grinçais des temps.
Les cages s’ouvrirent laissant déballés quatre chiens, affamés. Des chiens sauvages, formidables créatures toutes en puissance, boules de muscles…et un appétit féroce pour la chaire humaine. La famine et la guerre aidant, ils retrouvèrent leur instinct animal, trop longtemps temporisé par la volonté de domination des hommes. Brian était effrayé et surpris, il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Est ce donc ça le fameux cabaret dont les adultes vantaient les mérites les soirs de beuveries ? Son attention se reporta sur les bêtes dans la petite arène de bois.
C’était le genre de bête que toute l’ancienne civilisation possédait auparavant, en temps qu’animal domestique, ce qui était absurde selon Brian : Il fallait être complètement fou pour appeler sa un animal domestique… les gens du début des années 2000 devait être dérangé, pas étonnant que leur civilisation est disparue…
A l’apparition des chiens, la foule se déchaîna. Clamant haut et plus fort que son voisin, chacun annonçait ses paris : – 20 pièces de cuivre sur le petit en marron ! hurla un homme
-Non, moi j’en donne 40 beugle un autre
… et ainsi de suite. Chacun se bousculant, oubliant toute règle de courtoisie, et hurlant la mise a l’adresse du preneur de paris qu’était Mr Loyal. Ce dernier rougit de plaisir a la vue de l’argent s’entassant entre ses gros doigts grassouillets…et la musique continuait.
Une fois les paris finis, le « spectacle » commença. Les chiens se jetèrent, la gueule béante, d’emblée sur le plus petit à droite. Ils sentent la peur et sa les excitent. Ils ne laissèrent pas le temps au malheureux qui, non sans réclamer sa mère, se voyait déjà dépouiller de son bras droits tandis qu’un des chien se jeta sur une de ces jambes. Davos crispa son poing de rage tandis que « la belle action » arracha un « OOOH ! » d’excitation au public. N’ayant pas finit de dévorer le frêle corps décharné, deux des quatre chiens se jetèrent déjà sur les trois autres survivants. Mais ce ne fut pas aussi simple que le premier : un grand gaillard d’une quinzaine d’années fracassa la tète du chien a l’aide d’un robuste bâton. Ce dernier s’écroula en jappant, laissant apparaitre une fontaine de sang au sommet de son crane. Courageux mais qu’est ce qu’un morceau de bois face a quatre bêtes affamées? Apparemment tout, car le courage du garçon fit repousser les quatre chiens a grand coups de bâton, protégeant ainsi ses deux compagnons restant.
Mais ce ne fut pas suffisent : l’un des chiens contourna furtivement, le défenseur et saisit l’opportunité. Il fondit sur un des deux jeunes et le mordit à la jugulaire. Mr Pignonnet en riait à gorge déployé, Mr Loyal transpirait l’euphorie et la foule jubilait tout en savourant les bonbons donnés par les clowns. L’enfant tomba à terre sans résistance, saisi par la gueule de la mort, son sang infiltrant le sable de l’arène…et la musique continuait.
-Jolie coup, hurla un membre de l’assemblé tandis que le chien finissait sa besogne.
Brian n’en croyais pas ses yeux, un tel déferlement de violence et une telle perversité le laissait pantois. Il trouvait cela horrible, répugnant, exécrable mais ne pouvait détourner les yeux ; fasciné par la vision, irréel, d’une telle catharsis publique. Tous ces gens qu’ils appréciaient, avec qui il discutait, les parents de ses amis…Ils étaient tous là, riant, jubilant, buvant a la vue de la boucherie réservé a ces orphelins. Ces derniers n’étaient plus que deux, retranchés contre la palissade, préférant subir les crachats et les insultes plutôt que d’affronter la meute. Brian remarqua alors que c’était une fille qui se trouvait au coté du gamin au bâton. Ils vont mourir songeat’il. Mourir sous les insultes et les crachats. J’aurai pu être un de ces enfants.
-Les jeux sont presque finis, annonça Mr loyal.
-Encore, encore, jubilait Mr Pignonnet, tel un gamin devants un stand de bonbon encore plus excité par l’événement que ses élèves. Encore et toujours plus de violence…
Peut-être est ce du a l’attitude puérile de Mr Pignonnet, mais Brian ne remarqua pas l’absence de son père a ses cotés. Paniqué, il le chercha du regard et puis…
Davos:

Je ne les laisserai pas faire songeât Davos. A l’approche du bord de la balustrade, un des clowns se mit en travers de son chemin, un accordéon à la main
-Oh eh, oh eh, on ne passe pas, chanta t’il faussement.
Davos lui décocha un revers du droit, juste à la pointe du menton. Le clown s’affaissa et un coup de genou a la tempe le mit définitivement K.O. Davos courut, enjamba la balustrade et, dans la confusion générale, se retrouvât au milieu de l’arène.
-Restée derrière moi hurla t’il a l’adresse des gamins.
Il avait une dague dans la main. Un des cabots se jeta sur lui mais il fut plus alerte que les victimes précédentes. Il enfonça sa dague à travers les cotes du chien, déchirant la chair et brisant les os. – Vite, suivez-moi ! Pourvu que sa marche. Il aida le gamin à monter. Ce dernier prit appui sur les interstices des murs de l’arène et se projetât en haut. Il fit de même avec la gamine. Quand vint son tour, un des chiens lui agrippa la main gauche, lui sectionnant quatre doigts. Saloperie ! L’adrénaline aidant, il put planter la dague dans l’œil de la bête. Les deux orphelins l’aidèrent à remonter sous les détritus et les huées du public.
-Vous m’avez volez mon spectacle gémit une femme.
-A mort avec les autres, beugla une autre
Profitant de la cohue, Davos entreprit de quitter le cabaret avec les deux enfants avec lui. Ne t’inquiète pas mon fils, je reviendrai te chercher, je te le jure songea t’il. Ils partirent, empruntant les longs boyaux tortueux suffocants de la ville smog. Il faut que je disparaisse de cette société…rejoindre les rebelles a Carnaf et prendre soin des deux avec moi…oui il le faut.
…et la musique continuait.

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