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Elvis voyait encore en double lorsqu’il sentit sa mitraillette peser soudain si lourd qu’il dut la lâcher pour pas lâcher son Glock afin de l’arrêter. Étonné, il pivota vers sa droite pour voir un terroriste arabe s’avancer vers lui, bras ouverts et démarche nonchalente. Il avait une sorte de tissu sombre qui lui couvrait le bas du visage et… des lunettes fumées. Elvis tendit son Glock vers lui et cria : « Un pas de plus et je t’ouvres le crâne, enfoiré ! Où sont tes complices ? »

Au même moment, l’arabe fit un vague geste d’une main vers lui, et il sentit son Glock devenir aussi lourd que s’il tenait trois pack de sodas avec la seule force de ses deux doigts crispés sur la détente. Il tira un coup par terre avant de le lâcher, les doigts douloureux. Il leva les yeux vers l’arabe et se rendit compte que c’était plutôt une nana, vu la longueur de ses cheveux noirs qui cascadaient en dessous de sa casquette Nike.

Derrière ses lunettes de soleil, il devina un sourire sur son visage lorsqu’elle lui demanda :

« Un problème avec ton arme, petit cochon ?

— Oh, merde », se contenta-t-il de dire avant de reculer jusqu’à avoir le côté du fourgon contre son dos. La voleuse aux couilles dorées. Responsable de deux meurtres de gardiens il y’a un mois.

« Ouvres-moi toutes vos portières et fais-moi sortir tout tes copains de là. Si c’est moi qui m’y mets…

— Non, non, s’empressa-t-il de répondre à son ton lourd de sous-entendus. Laisses-moi faire, jeune dame. »

Tandis qu’il faisait sortir les quatre inconscients ou semi-conscients à l’arrière, Elvis se demandait encore comment elle faisait son truc avec les armes à feu. Il sentait quelque chose qui dépassait ses sens rationnels derrière cette histoire. Elle avait des sortes de super-aimants sur elle ? Non. Sinon les armes auraient volé vers elle.

Zack était resté conscient, juste plus sonné que lui. Après s’être tâté la bosse sur son crâne blond, il avait demandé à Elvis s’ils avaient écrasés un cerf. Elvis ne lui répondit pas immédiatement. Il sortit d’abord Dan, John, Timmy et Marty en les trainant par les épaules. Excepté Marty, ils étaient complètement dans les vapes. Marty ne pouvait cependant pas tenir debout, et resta étalé tandis qu’Elvis faisait mine d’aller chercher Zack. Il revint, la mine soucieuse, et fut surpris de la voir se redresser au-dessus de Marty. Il ne bougeait plus. Elvis serra les dents, mais s’efforça de faire le désintéressé. Elle ne devait même pas avoir vingt-cinq ans, et la voilà qui tuait de sang froid.

« Je crois que l’autre est mort, dit-il d’une voix lasse. Crâne ouvert. Je peux pas le sortir de là. C’est trop horrible à voir. Et puis l’odeur est insupportable. » Quand il avait dit crâne ouvert, il cru voir l’autre grimacer derrière son bandana ; en tout cas, elle était plus tendue. Pourtant, elle restait là à fixer sur Elvis des yeux cachés derrière des verres carrés et fumés, poings fermés. Qu’est-ce qui se cache dans ces poings ? Se demanda Elvis. Il avait récupéré le glock de Marty avant de le déposer. Manquait plus que de s’en servir. Il suffisait qu’elle baisse la garde et…

« Tu ferais mieux de déposer ton arme devant toi et de la pousser du talon vers moi, lui dit-elle. A moins que tu veuilles que je te fasse très mal. Ou pire encore. »

Vif comme un aspic, Elvis dégaina le glock de derrière son uniforme et le tendit vers elle, vers sa poitrine. Il essaya. Et regretta bien plus tard, quand il revint à la conscience avec sa propre cage thoracique fissurée en plusieurs endroits. Et qu’il trouva le corps de Zack, vraiment écrabouillé.

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