Je regardais l’écran de mon ordinateur d’un air interdit, incrédule. Un soupir de résignation s’échappa de mes lèvres, un « Je le savais » qui raviva mes anciennes habitudes d’autoflagellation. Dès que j’avais entendu la petite cloche annonçant un nouveau gazouillis, je me doutais de son incorrigible expéditrice, L.A., forcément, et de son contenu.

Pourtant tout avait bien commencé.
Je l’avais rencontrée en ligne, au détour d’une question technique anodine sur l’interopérabilité des différents CRM du marché avec le protocole SIP. Pas sexy comme introduction n’est-ce pas ? A sa réponse précise s’était ajoutée un post scriptum sur ma signature. Une référence à Doctor Who que j’imaginais obscure et qu’elle avait comprise. Et c’est ainsi que tout a commencé.

Oh, je vous vois venir avec votre sourire entendu. Un homme, une femme, chabadabada. Et bien pas de chabada qui tienne, nous n’étions pas du tout sur ce registre. Et là, nous avons d’autres chats à fouetter. Mais cessez de m’interrompre et laissez-moi poursuivre mon histoire.

Nous avons donc commencé à discuter régulièrement en ligne, la plupart du temps en partant de ces deux mots terribles qui peuvent vous emmener n’importe où : « Et si… ». Et si les dragons existaient, est-ce qu’ils ajouteraient des Iphone à leurs trésors ? Et si le TARDIS débarquait dans ton salon et que le Docteur te demandait « Où va-t-on ? », que choisirais-tu ? Cela nous tenait éveillé jusqu’à des heures indues et nous emmenait dans des délires irracontables. Jusqu’à hier.
Elle m’a parlé d’un projet innovant de son entreprise, un géant de la téléphonie dont elle n’a jamais voulu me dire le nom, sur lequel elle était tombée « par hasard ». D’après elle, ce seraient les plans d’un objet révolutionnaire, une sorte de montre, qui assurerait aux actionnaires de quoi passer plusieurs vies dans le luxe le plus fastueux. Le dernier plan social, pardon, plan de réorganisation de la compagnie, ne serait qu’une façon de masquer la disparition soudaine des ingénieurs en charge de la fabrication du prototype.

Nos discussions débridées tournaient autour d’histoires fictives et fictionnelles, c’était la première fois que nous entrions dans quelque chose de réel, et je n’étais pas du tout à l’aise avec cela. Nous commencions à parler de vraies personnes, avec une vie et une famille, qui auraient été éliminées ? En France, en 2014 ? Je n’ai jamais adhéré à la théorie du complot, lui préférant une récupération opportune par des autorités prêtes à sauter sur la moindre occasion pour faire croire à une grande compétence.

J’ai tenté d’exprimer mes doutes de manière subtile, dérivant la conversation sur le nombre de verres de vin qu’elle aurait consommé, mais cela ne fit qu’accroître sa détermination à me démontrer la réalité de la conspiration. Elle se fendit d’un « Bouge pas, je vais voir au labo » qui me laissa mort d’inquiétude et me poussa à lui laisser un futile « Arrête c’est bon, je te crois ! » qui arrivait bien trop tard.

Je massacrais ma souris à rafraîchir toutes les fenêtres sur tous les modes de communication possibles qu’elle aurait pu utiliser, et je me rongeais les sangs en me disant « Elle va faire une connerie, elle va faire une connerie !!! ». Au bout de deux mille clics, j’eus enfin une réponse :
– Me voilà, je reviens du labo !
– Alors ? Dis-je sobrement en feignant l’indifférence
– Je ne sais pas si je vais te raconter, j’ai peut-être trop bu
Autant pour ma subtilité…

***
Je n’arrivais pas encore à en croire mes yeux. Ted, mon ingénieur un peu fou, m’avait sûrement raconté un bobard gros comme une voiture, et se marrait en ce moment-même avec les gros nazes du service client du 3ème étage. Peut-être que c’était leur propre version de mon bizutage ?
Le jingle mélodieux du petit oiseau bleu me sortit de la transe dans laquelle je m’étais plongée sans m’en rendre compte. Je détachai mon regard du minuscule objet lové dans ma main gauche, et lu, non sans surprise :
– Arrête le rosé au boulot. Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Tu sais, le projet top secret de la boîte ? Le taré du sous-sol me l’a confié. Je le regarde au moment où je t’écris.
– Alors ? C’est un plan de domination du monde ? On va tous mourir dans d’atroces souffrances, allongés sur des tables, examinés sous toutes les coutures par de méchants petits bonhommes verts ?

Je devais trouver la bonne façon d’expliquer les faits. Je n’en trouvai aucune ; faut dire que c’est pas chose courante que de découvrir que notre employeur a l’intention de mettre le monde entier sur écoute, fliquant ainsi les gens à l’échelle planétaire. Je marchais sur des œufs, là. Un seul faux pas, et je pouvais, à mon tour, me retrouver sur la liste des disparus. Et s’ils m’espionnaient, là, tout de suite, et qu’ils se rendaient compte que je savais ? Je regardai sous mon bureau, vidai dans la poubelle le terreau de ma plante verte, retournai tous les cadres, et dus me rendre à l’évidence : aucun micro n’était dissimulé dans mon espace perso.
– Ils ont créé une machine pour écouter ce que chaque personne raconte, à n’importe quel moment. Pense Big Brother, en plus gros encore. Ted m’a filé la machine, m’a fait jurer de la planquer quelque part de sûr, et de n’en parler à personne. Bon, j’ai foiré la dernière partie, apparemment.

Les minutes passèrent lentement, douloureusement, et aucune réponse ne me parvint. Mon copain de fortune devait déjà avoir changé d’identité et pris ses jambes à son cou.
– Et ça ressemble à quoi, ton matos d’espionnage ?
– A une boite en plastique noir, de la taille d’une montre à gousset. Rien de bien excitant, si tu veux mon avis.
Je le retournai dans la paume de ma main, et remarquai un petit bouton rouge sur le côté de l’engin.
– Et y’a un bouton aussi, avec un truc d’écrit en tout petit. J’arrive pas à lire. Tu crois que c’est pour détruire la machine ?
– L.A, n’y touche surtout pas avant de savoir à quoi ça sert. Mieux encore : rends le bidule au taré, et oublie toute cette histoire. Ça sent pas bon.

Pendant que Néo jouait au papa poule de l’autre côté de la France, et se rongeait les sangs pour moi, je sortis une loupe de mon tiroir, et essayai de déchiffrer les instructions au dos de la machine. Quelques mots s’étaient effacés avec le temps et l’usure, mais je réussis tout de même à lire :
« Quelque chose… Appuyer…quelque chose, quelque chose… arrêter… quelque chose, quelque chose… temps. »

Bien, la réponse était assez claire.
– C’est un bouton d’arrêt d’urgence ! C’est écrit qu’il faut appuyer sur le bouton rouge pour arrêter le processus d’espionnage à temps !
J’étais décidément une héroïne en devenir. Peut-être que les Services Secrets allaient m’engager après une réussite pareille…
– C’est écrit noir sur blanc, t’es sûre ? Fais pas n’importe quoi, L.A. Tu sais pas dans quoi tu as mis les pieds.
– T’inquiètes, paupiette, je gère. Tu as devant toi –façon de parler– une fan de James Bond. Laisse-moi faire.
Sûre de moi, j’appuyai sur le bouton. Rien ne se produisit. Pas de compte à rebours, pas de musique au crescendo stressant, rien de tout cela. J’étais déçue. La pièce était silencieuse. Dehors, les voitures s’étaient tues. La vie reprenait son cours. Pas même le tic-tac insupportable de mon horloge murale ne venait briser le calme ambiant.

Attendez une minute. C’était calme. Trop calme. Même cette saleté de mouche qui avait élu domicile dans mon bureau ne bourdonnait plus à mon oreille. Je la cherchai des yeux et la trouvai entre ma lampe et mes dossiers, figée en plein vol. Je me levai, tremblante, et me dirigeai vers la fenêtre. En bas, personne ne bougeait.
– Néo, j’ai fait une connerie. Je crois que j’ai arrêté le temps.

***
J’aurai aimé lui crier que c’était une folle, une mythomane hystérique comme seul le réseau des réseaux peut nous en offrir. Comme cela aurait été simple d’éteindre l’écran, de jeter son adresse et de reprendre une vie normale. Fermer les yeux très fort et voir ce cauchemar disparaître en les rouvrant. Au lieu de cela, je me suis levé et je suis sorti de mon bureau. J’ai contemplé le long couloir silencieux et ouvert la première porte sur ma droite pour découvrir Gaël, une main sur la souris et une sur son téléphone, la bouche grande ouverte, fauché en plein milieu d’une plaisanterie graveleuse. Cela m’a arraché un demi-sourire. « Enfin, il la boucle, merci L.A ».

C’était trois fois rien, mais cette simple vision avait dédramatisé la situation et m’avait permis de recouvrer un peu mes esprits. Je revins à mon ordinateur pour contempler la litanie de messages que L.A m’avait laissé pendant ma courte absence :
– Néo ? T’es toujours là ?
– Oh non, pas toi aussi !
– Allez, c’est pas drôle, réponds !
– Je suis là, finis-je par répondre
– Tu m’as fait peur, andouille ! Ne recommence plus !
– Oui, oui, 007, promis. Bon, tu as arrêté le temps alors ?
-….Oui
Même à distance, j’imaginais sa mine contrite et de grands yeux humides dignes du Chat Potté.
– Appuie encore une fois sur le bouton, ça pourrait tout annuler
– Non ! Je n’y touche plus, c’est fini.
– Allez, essaye ! Qu’est-ce qui pourrait nous arriver de pire ?
Au moment où j’envoyais ce message innocent, je me souvins, trop tard, du pouvoir de son imagination et attendis avec anxiété la réponse qui tardait, signe d’un long long écrit.

– Qu’est-ce qui pourrait nous arriver de pire ? Que le temps reparte en arrière, qu’on soit tous renvoyés au Jurassique, avec des T-Rex qui viendraient tout ravager. Ou qu’on soit projetés dans le futur au moment où la Terre va être rasée par des créatures extra-terrestres venues construire une autoroute de l’espace. Ou que le temps reprenne pour tout le monde sauf nous, et qu’on se retrouve comme deux ploucs figés pour toujours, avec les scientifiques du gouvernement qui feraient des expériences interdites sur nous dans une base secrète souterraine.
– Ok, stoppe ! Tu es sûre que tout le monde est paralysé ? Essaye de voir Ted.
– …lui aussi, comme les autres ! Personne ne bouge ici, je te dis ! Personne.
– Je vois. Bon j’arrive.
– Comment ça, j’arrive ???
– Je ne vais pas rester planté là devant mon PC à ne pas savoir ce qu’il se passe. Quoi que ce soit, la réponse est forcément dans ton labo. Alors : j’arrive.

***
Je regardai le dernier message de Néo, interdite. Combien de temps ça lui prendrait pour venir jusqu’ici ? Et où il habitait, en fait ? Je m’enfonçai dans ma chaise de bureau et tournoyai un peu, histoire de réfléchir. Est-ce que je pouvais encore décemment demander combien de temps une chose prendrait, si la notion même de temps n’existait plus, par ma faute, qui plus est ? Et pourquoi Néo n’était pas figé, lui ? D’ailleurs, pourquoi ne l’étais-je pas non plus ? Et si tout cela n’était qu’une vaste conspiration ? Une de plus, soupirais-je. Je regardais autour de moi, les mains croisées sur la poitrine, et attendais qu’une idée me traverse sur la marche à suivre lorsque je pris pleinement conscience de l’opportunité qui s’offrait à moi. Celle de faire ce que je voulais. Tout ce que je voulais, sans en subir les conséquences. Je ne vous parle pas de vol, de violence ou de dégradations, non, mais de totale liberté.
Je sortis doucement mes haut-parleurs de mon armoire, et les branchai sur mon ordinateur. En quelques clics, j’étais sur Deezer, et enclenchai l’album que j’aimais le plus au monde –mais que j’avais honte d’admettre. La voix de Dave hurla dans l’étage silencieux, et, après d’hésitants « vanina-ahahahah », je hurlai à mon tour et montai sur mon fauteuil en me secouant dans tous les sens comme une démente. J’entamai une danse de la liberté sur Superfreak en zigzaguant entre les beaufs de mon service, leur dessinai de grosses moustaches au feutre indélébile, et maquillai en transsexuel l’homophobe misogyne qui avait pour habitude de passer des mains aux fesses de tout ce qui portait une poitrine ici-bas. J’en profitai aussi pour embrasser le livreur qui me plaisait depuis des mois, mais qui ne m’avait jamais remarquée. Bon, ok, j’ai piqué un fard pas possible à ce moment-là, et j’avoue avoir eu peur que le coup du baiser-magique-qui-rompt-les-sorts-made-in-Disney n’ait fonctionné et que je l’ai réveillé sans le vouloir.

J’étais en pleine rougitude lorsque Néo a fait son entrée dans la boîte. Je m’éloignai rapidement de mon prince involontaire, et examinai mon Copain d’Infortune de la tête aux pieds.
— Néo ? C’était une obligation la batte de baseball ?
Il haussa les épaules.
— Sait-on jamais, me suis dit qu’avec ta chance, t’avais peut-être aussi créé une armée de zombies…

Des zombies. J’aurais préféré, tiens, ça m’aurait donné une excuse valable pour taper sur ma saleté de voisine. Le regard de Néo passa du livreur à moi, encore et encore. Il me fit un clin d’œil.
— Je testais une théorie, figure-toi. Me suis souvenue que dans la Belle au Bois Dormant, le baiser du prince avait réveillé la princesse, terminai-je dans un murmure hésitant.
— J’en conclus que cette recette miracle ne fonctionne pas ?
— Efface ce sourire de ton visage, veux-tu ? C’était une expérience scientifique, Monsieur.
Je lui fis signe de me suivre, et retournai vers mon espace personnel. Alors que nous quittions la salle de repos, Néo m’attrapa le bras délicatement, et me demanda, surpris :
— Ça dérange pas tes patrons que le gars là-bas vienne au bureau maquillé de cette façon ?

***
L.A. monta de plusieurs crans dans la rougitude pour atteindre les hauteurs flamboyantes de l’écarlitude. Je m’attendais presque à voir de la vapeur sortir de ses oreilles. Pendant que mon petit soleil couchant personnel éclairait la pièce, je contemplais toutes ces personnes figées dans leurs tâches quotidiennes, le même spectacle qui m’avait accompagné pendant mon trajet jusqu’ici. Brusquement, je vis une ombre bouger au fond de la pièce. C’était tellement fugitif que je crus avoir rêvé et que je me mis à fixer le mur d’un air concentré.
– Qu’est-ce que tu as Néo ? Tu es malade ? Les toilettes, c’est par là.
Bon ok, il faudra que je retravaille mes mimiques de héros.
– Ne bouge pas L.A., il y a quelque chose derrière toi.
– Oui je sais.
– Comment ça, tu sais ?!
– C’était trop tentant, tu comprends ?
– Tentant ? Mais de quoi tu parles ?
– De la moustache au feutre sur mon chef de service… Je voulais faire de belles bacchantes mais je les ai ratées…

Il me fallut quelques instants pour me raccorder sur L.A. FM et tenter vaguement de la comprendre, quand je remarquai à nouveau comme un contour flou au même endroit. Je raffermis ma prise sur la batte de baseball, et fis un pas en avant.
– Tu vas pas me taper pour ça quand même….se lamenta L.A., devenue cramoisie.
Impossible de rester sérieux face à son air triste. Je n’y arrivais déjà pas derrière mon ordinateur quand elle branchait sa webcam – quand cette dernière fonctionnait, c’est à dire quand L.A évitait de toucher aux réglages – mais avec elle à deux mètres de moi, même Steven Seagal aurait été incapable de rester impassible.
– L.A., murmurai-je, il y a une silhouette indistincte que je vois par intermittence au fond de la pièce. Et elle se déplace. L.A……WWBD ?
Je sentis que j’avais trouvé les bons mots en voyant son regard se durcir et son esprit revenir à la réalité. WWBD….What Would Buffy Do ?

***
Que ferait Buffy dans de telles circonstances ? Sachant que Buffy était experte en arts martiaux, et qu’elle s’y connaissait en bestioles flippantes et en situations hors du commun, elle sortirait probablement une blague au douzième degré avant de botter le derrière de cette créature immonde. Je me raclai la gorge, et pris une attitude sûre de moi :
– T’es si laid que t’as besoin de te planquer, machin ?

Mes mots flottèrent dans la pièce un instant, juste assez pour que je comprenne que ma blague était vraiment nulle de chez nulle. Néo me regardait sans rien dire. Bon, fallait que je me rende à l’évidence, les blagues de super héroïne, c’était pas pour moi. J’aurai fait honte à Whedon avec une réflexion pareille… Je refermai mon gilet à capuche sur mon tee-shirt Sunnydale, déçue. Si j’avais été seule, je l’aurai probablement arraché, puis brûlé, avant de demander pardon à Joss à travers mes larmes. Mais le temps n’était pas au mélodrame. Je m’approchai de Néo, et je murmurais aussi doucement que je pouvais :
– T’as une meilleure réplique ?
– Pas besoin, la tienne a éveillé l’intérêt de notre…ami.
Je me retournai lentement, comme dans un cauchemar. Ce que je pris pour l’ombre projetée d’une de mes victimes, enfin, l’un de mes collègues, grandi sur le mur jusqu’à atteindre la taille de deux hommes. Je déglutis difficilement, et me collai à Néo, le porteur de batte. Je ne pouvais détacher mon regard du mur, comme hypnotisée. Je sentis mon acolyte se contracter sous le stress. WWBD ? WWBD ?!
– Je crois qu’il a pas aimé ta blague, L.A…

Je ris nerveusement. L’ombre se détacha du mur, et recouvra Paul, du service après-vente. En une seconde chrono, le pro du « vous avez essayé de l’éteindre et de le rallumer ? » avait disparu, dévoré. Plus rien ne restait de lui. Je laissai échapper un petit gémissement de chien battu, et reculai, agrippée à la manche de Néo. Celui-ci, qui semblait avoir mieux compris le principe du héros, braqua une lampe sur le mur. Un sifflement nous parvint de notre ennemie alors qu’elle se ratatinait comme un ballon de baudruche, pour finalement disparaître. Je poussai un soupir de soulagement, prise entre vertiges et nausées.
– L.A… ? Tu tiens le coup ?
– Je… J’hésite entre vomir et tomber dans les vapes.
J’espérais ne pas tomber dans les vapes et me vomir dessus en même temps, ce serait pas hyper glamour comme situation, et pas digne d’une chasseuse de vampire en formation. Je me concentrai sur Néo, histoire de laisser mes yeux faire le point, et lâchai:
– Pauvre Paul, il était sympa quand il voulait. Tu crois qu’il est… ?
– A moins qu’il ne soit expert en magie, je dirais bien que oui. Je suis désolé, L.A.

Bien sûr, j’avais réussi à arrêter le temps sans le vouloir, et une bestiole en avait profité pour venir tranquillement faire son pique-nique, normal. J’aurais pas pu ouvrir un portail sur le pays des elfes, ou celui des Petits Poneys ? Je repensai à Paul, et je sentis une petite flamme grandir au fond de mon cœur. De la colère pour cette injustice, mais par-dessus tout, de la colère envers moi-même. J’avais libéré ce monstre, alors à moi de le renvoyer d’où il venait, si possible avec une jambe ou un œil en moins.
– Néo, on trouve ce qu’est cette chose, et on la bute.

Voilà ce qu’aurait fait Buffy. Mais elle l’aurait mieux dit.

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