Chapitre 1

La nuit tombait et Ralph regardait les informations à la télévision. La journaliste parlait de la petite ville de Casper, dans le Wyoming, qui avait été mise en quarantaine.
« – Personne ne veut nous répondre. Nous ne savons pas ce qui se passe. »
« – Ralph, Lucy veut voir les dessins animés. » Dit sa femme en entrant dans le salon. Elle tenait Lucy, le centre de la vie de Ralph, par la main.
Il avait rencontré sa femme au lycée. Ils s’étaient mariés à vingt-cinq ans et, cinq ans plus tard, naissait la petite. Lucy, âgée aujourd’hui de sept ans, savait que son père ne pouvait rien lui refuser et le regarda de son air suppliant. Ralph changea de chaine pour lui mettre ce qu’elle voulait. Il ne s’inquiétait pas trop de ce qui se disait aux infos car, après tout, Casper était très éloigné de Russellville, dans le Missouri, là où ils vivaient.
Ralph se leva ensuite pour céder sa place à sa fille. Il alla dans son bureau en regardant le sourire de la petite qui s’installait devant la télévision.
Ralph s’assit devant son ordinateur et entreprit d’écrire la suite de son livre. Il avait réussi à se faire publier et son livre avait rencontré un franc succès. La maison d’édition lui avait d’ores et déjà commandé un nouveau roman. Ralph voyait déjà son nom sur la liste des meilleurs auteurs du vingt-et-unième siècle. Malheureusement, ces derniers jours, il manquait d’inspiration. Ralph n’avait plus rien écrit depuis deux semaines.
Les minutes passèrent et il resta devant une page blanche. Le téléphone sonna soudain. Ralph se leva et alla décrocher.
« – Allo ? »
« – Ralph, c’est maman, tu as vu les informations ? »
« – Qu’est-ce qu’il y a ? »
« – Quelque chose de terrible se passe. J’en suis sûre. »
« – Ho non, tu ne vas pas recommencer ! »
Depuis le décès de son père, il arrivait, de temps à autre, que la mère de Ralph, téléphonait au milieu de la nuit en étant sûr que le film qu’elle venait de voir était la réalité. (C’était souvent des films de monstres ou de fin du monde.)
« – Non, non, c’est vrai ! »
« – Ne t’en fais pas, maman, rien n’est vrai à la télévision. Tu le sais. »
« – Mais, c’était au journal. » Insista-t-elle.
« – Ecoute, je vais appeler monsieur Stanford pour qu’il vienne te voir. »
Ralph habitait à deux cents kilomètres de sa mère et la seule personne qu’il connaissait était Benjamin Stanford, le voisin de cette dernière. Monsieur Stanford avait dit à Ralph qu’il pouvait l’appeler si jamais, il y avait un problème avec sa mère.
Ralph raccrocha et composa le numéro de monsieur Stanford.
« – Allo ? »
« – Bonsoir monsieur, c’est Ralph Compton. »
« – Bonsoir Ralph, comment vas-tu ? »
« – Moi parfaitement bien, je vous appelle en fait pour ma mère. Elle refait une de ses crises. Pourriez-vous aller la voir, s’il vous plait ? »
« – Oui, bien sûr. »
« – Merci, bonne soirée. »
Ralph raccrocha et n’ayant plus envie de se casser la tête à chercher l’inspiration pour son livre, il décida d’aller s’asseoir près de sa femme et de sa fille. Après tout, il avait tout son temps pour finir son roman. Du moins, le pensait-il.

De l’autre coter de la ville, à minuit trente, Jack poussa la porte de chez lui. Avec son coéquipier, Matt, ils avaient passé la soirée à fouiller la ville à la recherche de Bryan Brown, le plus grand dealer de Russellville. Ils ne l’avaient pas trouvé et le capitaine Hall les avait sermonnés pendant une heure avant de les laisser rentrer chez eux.
« – Merde, mec, il fait chier Hall ! » S’était exclamé Matt en sortant du commissariat.
« – Ho, ne t’en fais pas, il s’est levé du pied gauche. Demain ça ira mieux. »
« – Tu vas voir, Jack. On sera à peine rentrés qu’on va nous rappeler parce qu’ils l’auront retrouvé. »
Jack avait ri et ils étaient rentrés chez eux.
Jack voulut prendre une douche et, à peine sous le jet d’eau, son portable sonna.
« – Merde ! » S’exclama-t-il en sortant précipitamment de la douche avant de se diriger vers son téléphone.
C’était le numéro du commissariat. Matt avait-il raison ?
« – Allo ? » Répondit Jack en décrochant.
« – Officier Barnes, revenez au commissariat tout de suite, ordre du capitane. » Jack reconnu la voix de Jim Hatpose. Un policier de garde la nuit.
« – Vous avez repéré Bryan Brown ? » Demanda Jack, mais Jim avait déjà raccroché.
Qu’est-ce qui ce passe ? se demanda le policier.
Jack s’habilla en vitesse et retourna à sa voiture. Direction le commissariat.
Il arriva en même temps que Matt. En sortant de sa voiture, le policier vit une jeep de l’armée garée devant le commissariat.
« – Est-ce que tu sais ce qui se passe ? » Demanda Matt en regardant la jeep.
« – Non, viens, on verra bien. » Dit Jack en entrant dans le grand bâtiment de police.
A l’intérieur se trouvaient tous les agents de police de la ville et devant eux, sur une estrade, se tenait le capitaine. A coter de lui se trouvait deux militaires armée d’ACR, un fusil d’assaut traditionnel des forces armées américaines.
Le capitaine de police s’adressa à ses officiers.
« – On vous a tous fait venir car quelque chose s’est produit. On ne m’a pas dit quoi mais, on m’a demandé de vous faire patrouiller dans la ville et de signaler tout incident ou comportement étrange auquel vous assisterez. »
Plusieurs policiers râlèrent dans l’assemblée tandis que d’autres posèrent des questions.
« – Du calme, moi-même je n’aime pas ça. » Dit Hall en dévisageant les militaires. « Tout ce que je sais, c’est que toutes les villes du pays sont concernées. Alors, s’il vous plait, obéissez sans protester. Merci. »
Le capitaine descendit de l’estrade et regagna son bureau accompagné des militaires.
« – Putain, mais c’est quoi se bordel ! » S’exclama Matt.
« – Pas la moindre idée, mais c’est pas bon. » Répondit Jack. « Allons-y. »
« – Tu veux rire, je veux savoir ce qui se passe ! »
« On le saura tôt ou tard. Le capitaine a donné un ordre. » Dit Jack en se dirigeant vers la sortie. Matt le suivit en râlant entre ses dents.
Personne ne se doutait que la fin du monde commencerait cette nuit.

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