Divin, exquis, délicieux… Ce sont les seules pensées cohérentes qui vinrent à l’esprit de Diane tandis qu’elle s’abreuvait à la veine de cette jeune vierge.
Plus tôt dans la fraicheur de la nuit, la vampire avait cherché une nouvelle proie afin d’assouvir sa soif de sang. Cela faisait quelques nuits qu’elle n’avait pas mangées donc l’urgence était à son comble. Mais il y avait seulement un inconvénient : elle prenait que des vierges. C’était ainsi. Tout comme la comtesse Bàthory, Diane pensait que le sang des vierges lui offrait la beauté du corps. Chose complètement idiot de sa part car les vampires ne vieillissaient pas. Mais dans la tête de la jeune femme, ce n’était pas sa condition qui lui apportait la beauté mais plutôt l’exquis breuvage qui se trouvait dans les veines des vierges.
Le sang chaud coulait dans sa gorge, telle une cascade qui rejoignit son fleuve. Elle aimait la sensation que l’élixir de vie lui apportait. Ses crocs ayant touchés la dernière goutte qui se trouvait dans la veine, la bouche de Diane se décela de la jugulaire de la défunte. La pauvre vierge tomba à terre telle une poupée de chiffon. Diane leva les yeux au ciel, sentant déjà le liquide visqueux opérait sur son visage, son corps, son organisme. C’était très jouissif cette sensation.
Diane se trouvait dans une forêt près des montages de Carpates en Transylvanie. Oui, le cliqué qui raconte que les vampires habitent dans cette région est vrai. En partie vrai. Bon nombre de la population nocturne voyageait et se trouvait au quatre coin de la planète mais une bonne partie était toujours au château de Havers au Transylvanie. Bien entendu, les humains se méfiaient mais leurs dires n’étaient jamais fonder par manque de preuves.
La vampire laissa le corps inerte dans le bois, puis partit rejoindre ses congénères dans leur majestueuse demeure. Etant donné qu’il faisait nuit noire, la vision des humaines ne pouvait l’apercevoir. Alors elle ne prit pas la peine de courir à travers les arbres. Levant les bras, son corps répondit à l’appel du vent et il s’éleva dans les airs. Sa trajectoire ne fut pas très longue, environ une minute plus tard, Diane se trouva dans la cour du château.
Quelques vampires la regardaient arrivée. Elle les salua d’un signe de tête et partit en direction de la grande salle où la fête battait son plein. Prenant les escaliers en face d’elle, elle se sentait toute joyeuse. Une fois à l’intérieur de la bâtisse, elle traversa l’immense couloir. Un tapis couleur bleu nuit jonchait le sol, et l’assemble des murs portait divers tableaux tous aussi beaux les uns, des autres. Une fois arrivée devant la grande porte, d’une simple pensée, elle l’ouvrit. Bienvenue dans l’enceinte des vampires !
Une grande table ronde se trouvait au centre de la pièce. Non, ce n’était pas les chevaliers de la table ronde à l’époque de Kamelot qu’on pouvait découvrir autour mais ces amis vampires. Des verres, des bouteilles, des assiettes remplis de sang accompagner ses petits diables au festin. Effectivement, la cave débordait de bouteilles de sang de ces derniers siècles. Un des anciens, Gideon, avait trouvé cette pratique chez les humains durant les périodes de vignes. Finalement, il n’y avait pas beaucoup de différence entre le vin rouge et le sang. Seulement l’odeur ainsi que le goût. Plus de trente vampires se trouvaient en ce lieu, à festoyer, à boire et à se donner au plaisir de la chair.
Un vrai bordel !, pensa souvent Diane. Au sens propre comme au figuré.
Pendant qu’elle contempla les convives, elle vit son ami le plus proche, son frère de sang, son mentor, celui qui l’avait transformé des siècles plus tôt. Eric. Il lui fit signe de la main. Diane sourit et s’avança vers lui, tout en évitant de tomber sur un couple qui s’accouplait.
_ Bonsoir mon ami, déclara Diane en s’asseyant.
_ Te voilà enfin ma douce ! Où étais-tu passé ?
_ Je rentre du restaurant, répondit-elle avec malice.
Eric s’esclaffa. Diane avait quelques manières. Elle n’aimait pas dire « j’avais faim », ou « je viens de me nourrir ». Pour elle, les vierges étaient une bénédiction à sa beauté et il fallait respecter leurs mémoires. Son ami ne lui proposa pas un verre, sachant ses goûts en la matière.
Pendant que les deux acolytes discutaient de tout et de rien, un couple s’approcha d’eux. Rien qu’à leurs odeurs, Eric n’eut pas besoin de se retourner pour savoir à qui, il avait affaire.
_ Toujours aussi courtois mes amis.
Diane se levait déjà pour saluer Marcus, un ami de longue date ainsi que Phosphore, sa nouvelle protégée.
_ Tu me connais Eric, répondit Marcus, quand on m’invite quelque part, je n’y réfléchis pas à deux fois.
Les hommes rigolèrent après s’être serrer la main. Tandis que Diane et Phosphore prirent place sur les fauteuils, Eric et Marcus restèrent debout derrière elles, à discuter.
_ Quel est le thème du spectacle ce soir ?, demanda Phosphore à Diane.
_ Une simple décapitation.
Diane s’ennuyait pendant ses « spectacles ». C’était toujours la même chose. Une ou plusieurs victimes étaient mises au milieu de l’immense table et les vampires s’amusaient avec comme si c’était des jouets. Effectivement, les humains étaient des jouets pour eux mais Diane partait toujours du principe de ne pas jouer avec la nourriture. Eric aimait cela et il la réprimandait souvent.
_ Ce ne sont pas des vierges, disait-il. Donc ma douce, ce n’est pas de la nourriture à tes yeux.
Son argument était valable. Tant que ces douces créatures n’étaient pas sur le devant de la scène, cela ne dérangeait pas Diane.
*
Une ou peut être deux heures après l’arrivée de Marcus et de Phosphore, un vampire poussa un cri strident dans la salle. Sachant que l’ouïe des vampires était plus fine que celui d’un félin, ce bruit leur fit mal à la tête une brève seconde mais c’était la seule solution pour taire une horde de vampire en plein festivité.
Un homme venait de monté sur la table et tous le regardait.
_ Mesdames, Messieurs, cette nuit, nous avons un beau spécimen. Tout droit venu de notre chère région, aussi laid à l’intérieur qu’il l’est à l’extérieur. Je vous présente notre prochain festin ! Que le spectacle commence ! cria-t-il.
Pendant ses dernières paroles, il avait tendu le bras en direction d’une petite porte. Celle-ci s’ouvrit et deux vampires tenaient un homme gras entre leurs mains. Il était nu de la tête au pied. Chauve, avec des yeux remplis de larmes, il suppliait les vampires de le relâcher. Du sang dégoulinait de quelques entailles qu’il avait sur le torse, ainsi quelques vampires commençaient à se dandiner sur place du à l’excitation.
Les deux gardes balancèrent l’humain comme si il pesait qu’une plume, sur la table. Celui qui avait crié quelques minutes plus tôt sortit son épée de son fourreau et la planta dans le ventre de la victime. Des exclamations se firent entendre dans la salle par la joie de voir l’humain se torde de douleur.
_ A qui le tour ?, hurla le vampire.
Certains vampires commencèrent à monter sur le table, chacun son épée à la main ou un simple poignard. Pour faire durer la souffrance, ils procédèrent un par un. Un ancien arriva et d’un geste lent lui coupa quelques doigts. Du sang gicla sur le bois massif de la table et dans l’hystérie du moment, il donna un coup de pied dans les membres inertes qui volèrent à travers la salle. À chaque passage de ses bourreaux, l’humain perdit ses membres à vue d’œil.
Marcus et Eric pouffaient à chaque fois, mais ils ne se prêtaient pas au jeu de la décapitation. Diane regardait mais sans grand plaisir, tellement que ça l’ennuyait. Ce spectacle avait lieu au moins une fois par semaine et pendant son longue immortalité, c’était devenu lassant.
_ C’est barbare, déclara Phosphore.
Diane la regarda et lui sourit. Phosphore n’était qu’une nouvelle parmi les vampires, elle ne comprenait pas encore la joie d’avoir un humain décapité. Certes, Diane n’avait jamais compris non plus mais elle trouvait ça normal chez les nocturnes. Leur vie était sang et mort. C’était les petits plaisirs du quotidien, voilà tout.
Après quelques minutes de cris, l’humain avait perdu connaissance. Il n’avait plus sa jambe gauche, sa jambe droite s’arrêtait désormais au genou. Ses mains devaient se trouver quelque part dans la salle et ses tétons pendaient sur son torse, tel deux poignées de portes. Les vampires responsables de son malheur se regardèrent et tel un ordre silencieux, ils se baissèrent et s’abreuvèrent de leur victime. Il y avait du sang partout. Que ce soit sur leurs vêtements, leurs mains ainsi que leurs épées sans compter la table qu’il fallait, une fois de plus, nettoyée.
Diane se leva, salua Phosphore et Marcus et prévint son mentor qu’elle allait se réfugier dans sa chambre. Il y avait un livre qu’elle voulait à tout prix terminer afin de pouvoir dormir tranquillement. Eric embrassa le dos de sa main ainsi que sa joue. Diane aimait ses petits gestes d’affections et elle était certaine qu’elle ne pourrait jamais s’en passer.
Au moment où elle franchit la grande porte, un mal de tête se manifesta. Elle se tourna et trouva la source de sa douleur. Toujours au centre de la table, les vampires crièrent en se tenant la gorge. Naguère, leurs bouches devaient être pleines de sang mais le liquide se transforma en mousse bleu. Etrange. Les cris résonnaient dans la salle ainsi que dans les têtes des autres vampires. Puis, se fut le silence complet.
Après quelques instants, Diane reprit ses esprits. Elle aperçut l’horreur de sa vie. Les bourreaux de l’humain étaient morts. Leurs corps commencèrent à se désintégrer. Elle en resta bouche bouée. Les vampires ne pouvaient pas mourir ! À moins d’avoir un rayon de soleil sur leur passage ou un pieu en argent dans leur cœur inerte. Mais que se passait-il ?
Eric sortit Diane de sa rêverie en la saisissant par le bras. Sans s’en rendre compte, il l’entraina dans le couloir où tous les autres vampires commencèrent à se rassembler.
_ C’est le sang !, déclara Gideon l’ancien.
_ Mais le sang est notre source de vie ! En 700 ans de vécu, je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose !, répondit un autre.
_ Nous devons faire quelque chose !, hurla Eric. Où avez-vous trouvé cet humain, dit-il à l’intention d’un autre vampire.
_ Dans le village, à 15 kilomètres du château.
_ Bien. Afin d’éviter les risques, nous devons tous les massacrer pour limiter les dégâts, affirma Eric.
_ On va bien rigoler !, se manifesta Marcus, toujours aussi joyeux malgré les morts.
Tandis que les vampires discutèrent encore de comment procéder, Diane restait toujours prêt d’Eric. Non pas qu’elle avait peur, un vampire n’avait jamais peur, mais elle ne voulait pas perdre une minette de la conversation. Puis, comme un seul homme, les vampires se mirent en route, direction le village humain.
*
Phosphore était resté au château, ainsi que bons nombres de vampires. Marcus, Eric, Diane et d’autres volèrent jusqu’au village. Ce soir, les humains n’allaient pas être un festin de nourriture mais plutôt un cimetière géant. En colère et respirant la vengeance, les créatures nocturnes arrivèrent au village. Etant donné l’heure, tous les habitants dormaient à point fermé. Sans se soucier de leur macabre futur. Les vampires débutèrent leur massacre grâce à l’adrénaline de vengeance qui les habitait. Maisonnées par maisonnées, les vampires entrèrent afin de couper leurs têtes à l’aider de leurs armes. Cette nuit, ils ne pouvaient pas tuer d’une simple morsure car pour la première fois de l’histoire des nocturnes, le sang était mortel.
Diane suivit Eric dans une maison de bois où habitait un couple et trois enfants. Elle connaissait la lame tranchante d’Eric. Qu’il soit calme, en colère ou amusé, son tranché était net et précis. Son mentor aimait la propreté. Tandis qu’elle le regardait s’afférer à sa tâche, une odeur appela Diane.
Cette forte sensation la pénétra de tout son être. Elle lui demandait de venir à elle, comme si elle ne pouvait former plus qu’un. Les sens de Diane se multiplièrent et sans savoir ce qu’elle faisait, elle suivit sa nouvelle amie. Cette délicieuse odeur conduit la vampire dans une chambre adjacente de celle des parents. La petite pièce était dans la pénombre. Un lit sur la droite, une petite table à côté ainsi qu’une simple commode se trouvaient en ces lieux. Puis l’odeur devient de plus en plus forte. Le regard de Diane se dirigea dans un coin de la pièce et là, comme si un ange l’appelait, une lumière habillait le corps recoquillé contre le mur.
L’humaine avait peur. Diane pouvait le sentir. Malgré que l’odeur la pénètre de tout son être, elle voulait faire les choses biens, comme à son habitude. Diane se contrôla et tendit une main à l’humaine afin de la mettre en confiance. La jeune fille hésita un moment puis elle déposa sa main dans celle de la vampire. Elle se leva et Diane pouvait la contempler. L’apparence physique de l’humaine n’était pas aussi délicieuse que son odeur mais sa chemise de nuit blanche brillait aux yeux de Diane. Tel un ange. Telle une vierge…
Afin de la mettre plus en confiance, Diane s’approcha d’elle et la serra dans ses bras. La jeune enfant sanglotait et tremblait comme une feuille. Diane lui caressa les cheveux, puis baissa la tête de sa prochaine victime. Repoussant sa chevelure, la vampire vit la gorge ainsi que le pouls de l’humaine. Son battement l’appelait.
Même si Diane s’était nourrit ce soir, elle ne perdit pas une seconde de plus. Plus elle avait du sang de vierge en elle, plus elle serait magnifique. C’était tout ce qui comptait pour Diane. Répondant à l’appel du pouls, la vampire planta ses crocs dans la jugulaire. Immédiatement, le sang se créa un chemin à travers sa gorge afin de se réfugiait en elle. Diane poussa un gémissement tandis qu’elle buvait à grande gorgée son précieux breuvage. À chaque fois qu’elle goutait le sang d’une vierge, la jouissance extrême la comblait. Jamais de sa vie, Diane n’avait trouvé les mots pour définir la sensation qu’elle éprouvait pendant ses actes de plaisir.
_ Non, non !
Le cri d’Eric n’arrêta pas Diane. Elle continua à boire, jusqu’à que la dernière goutte soit enfin dans sa bouche. Quand elle eut finit, elle lâcha le corps sans vie puis regarda Eric. De la tristesse apparue dans ses yeux mais elle ne comprit pas immédiatement pourquoi. Un spasme la parcouru. Puis un second. Un troisième. Au bout du quatrième, elle se sentit tombé mais Eric courut pour la rattraper. Dans les bras de son frère de sang, elle se rendit compte que sa vue était trouble.
_ Pourquoi as-tu fais ça ?, cria-t-il.
Diane ne comprit pas sa question, donc elle lui sourit.
_ Le sang est contaminé, tu le savais. Alors pourquoi mais pourquoi ?
Les forces de la vampire disparurent, elle ne sentait plus ses membres. Diana avait l’impression de flotter sur un nid d’eau où elle commença à couler. Essayant de prendre ses esprits, elle réussit à articuler quelques mots.
_ C’était une vierge, mon ami. Une précieuse vierge.

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