Je m’échappe de cet enfer. Des marches me conduisent au rez-de-chaussée. L’excitation m’enivre, mais je dois rester sur mes gardes. Le molosse d’Hadès est peut être dans les parages. Je ne flaire pas son odeur, c’est plutôt bon signe. Je repère les escaliers qui mènent à l’étage. Le parfum de Clarisse me pénètre. Je ne lui veux aucun mal. J’ai besoin de comprendre la place qu’elle occupe dans cette histoire macabre. Les pièces du puzzle ont du mal à s’assembler. Si le vieux n’a expérimenté que sur lui. D’où vient le chien ? Et Clarisse, je la revois me demander de l’aide. Elle avait déjà vu une monstruosité. Le doute n’est plus permis. Je m’approche de sa chambre. Je me tiens devant la porte. Mes griffes lacèrent le bois tendre. Je grogne. Je tape des poings. La porte ne bouge pas.

— Laissez-moi tranquille ! Allez vous en ! Hurle-t-elle.

Je réitère mon geste. La rage s’intensifie. Je rugis. Dans un accès de folie, je défonce la porte qui vole en éclat.

— Non ! Par pitié, ne me faîtes pas de mal, me supplie-t-elle.

Clarisse s’est repliée dans un coin de sa chambre, près de la fenêtre. La lumière est éteinte. La situation me paraît étrange. Mon instinct me conseille la méfiance. Son comportement n’exprime pas la même chose que ses paroles. Elle crie sa peur mais ses gestes sont posés, calculés. Elle garde une main derrière le dos. Que cache-t-elle ?

— Je sais que j’ai demandé de l’aide. J’ai surpris mes grands-parents. Ils font des expériences. Ils prévoient de se servir de moi. Ils ont déjà…

Je n’en peux plus. Je lui saute dessus toutes griffes dehors. Non, ne me mens pas, n’abuse pas de moi. Elle est surprise, elle n’a pas le temps de réagir. Je lacère sa poitrine. Je lui mors le cou. Un flot de sang s’écoule de sa bouche. Elle laisse échapper la seringue qu’elle dissimulait. Cette dernière contient un liquide vert fluorescent qui ne me dit rien qui vaille. Elle m’a trompé, encore. Toutes ses années d’ignorance et d’humiliation remontent à la surface. Une décharge de haine me submerge. La belle ne blessera plus personne. La belle n’est plus. Mais, j’assouvis un fantasme. Elle est à moi à présent. Je pénètre son corps, je la déguste. Après tout, je suis un monstre.

Une violente douleur me cisaille le crâne. L’aube se lève. Il est temps. Je dois partir. Mais, je ne peux pas bouger. Je suis paralysé. Ma peau est en effervescence. Toutefois, je n’ai pas l’impression que je vais retrouver le corps de Georges. La douleur est intenable. L’expérience n’est toujours pas au point. Je hurle à la mort et je m’écroule sur le corps de Clarisse…

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