Nous sommes au vingtième siècle, en Égypte, en Haute-Égypte pour être précis. En cet été 1962, le soleil a durci le sol, le Nil est au plus bas, les paysans égyptiens restent dans leurs demeures. Mais, un cavalier solitaire, logeant au village de Berber, sur la rive est du Nil, se dirige vers le désert de Nubie. Ce jeune homme est habillé d’un jean usé, une chemise en coton blanc et un chapeau de feutre mettant sa figure à l’abri de la sécheresse; ce chapeau laisse deviner des cheveux bruns et des yeux bleus pâles. Le cavalier arrête sa monture, il sort une carte, regarde une boussole puis une montre, après un temps de réflexion, il reprend son chemin.

Ce garçon se nomme William Harper, il est né il y a vingt-deux ans sur l’île de Guernesey, il étudie l’archéologie à Oxford. Il se trouve en Égypte pour les vacances.

William vient d’arriver face à un oasis, l’eau est claire et semble appeler le voyageur du désert. William descend de sa monture qui laisse aller boire, lui-même hôte sa chemise qui tombe à terre à côté de son chapeau, il enlève ses chaussures et son jean se retrouvant en caleçon. William rentre dans l’eau en entier, il immerge sa tête quelques secondes puis la secoue pour chasser l’eau. Rafraîchit, William posa son regard sur un groupe de palmiers qui semblait cacher un rocher brun.

Sortant de l’eau, il se ré-habille et s’approche de l’objet de sa vision. Ce sont des ruines, les quatre murs sont encore visible ainsi que l’emplacement de la porte, William s’accroupit et imprudemment, prenant le risque de tomber sur un scorpion, il glissa ses mains dans le sable frais car toujours à l’ombre. Sa main heurta un objet et le retira du sable. William pensa à un objet du passé égyptien mais en ouvrant sa main, il vit une montre! Il était stupéfait, l’objet était terne, le verre était craquelé, le bracelet de cuir était sec et dur. A sa surprise, au dos de la montre, était gravé des initiales à moitié effacée; pour la première lettre, il pensa au signe égyptien symbolisant des vagues mais la seconde n’était que deux traits perpendiculaires?
Perplexe, William s’assit contre un palmier, un mouvement de son bras gauche dévoila sa montre et il fit le lien avec sa découverte, c’était la même montre! Il la défit de son poignée la tourna et vit les initiales qu’il avait gravé avec la pointe d’un compas : W.H. Ce n’était pas des hiéroglyphes, la vague et le bas du double-v se superposaient, il comprit que c’était « sa » montre. Mais comment était-ce possible? William ne comprenait pas, mais c’était l’heure de rentrer, il siffla son cheval et rangea dans une poche de la selle, la montre qui avait traversé les siècles. Puis grimpant sur le cheval, il repartit à Berber. Il passa une nuit agitée, dans ses rêves, il vit une jeune femme de l’Égypte ancienne appelant au secours, il eut pour vision une cité, un temple ou une forteresse se dressant au milieu du Nil, à l’instar du temple de Philae. Vers l’aube, William se réveilla et il décida de marcher jusqu’au Nil. Le matin était frais, il vit quelques ibis fouillant le sol en dessinant d’étranges formes ce qui le fit penser au dieu Thot. Il s’accroupit au bord de l’eau et il le vit!

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A quelques mètres de lui se trouvait le plus énorme crocodile qu’il n’est jamais vu, William était pétrifié. Le saurien s’avança vers lui. William ne bougeait plus. C’est alors que le crocodile qui était à cinquante centimètres de la tête du jeune homme, disparût dans un tourbillon qui entraînait eau et sable et qui attira William. Il tentait de lutter contre cette force qui l’aspirait, le submergeait…
Puis plus rien, William était allongé au bord du Nil. Il se leva et retourna vers l’hôtel. Mais, il n’y avait plus d’hôtel, il y avait un village, les égyptiens qui le virent eurent peur de lui, par son accoutrement. Par ce qu’il voyait, William pensa voir le VIII ° siècle avant Jésus Christ. Il vit bientôt surgir des individus menés par un homme vêtu d’une peau de léopard, ce devait être un prêtre; ces hommes étaient belliqueux à son égard. William fuya vers le désert, il n’eut aucun mal à les distancer, la plupart était plus petit que lui, ils avaient donc des jambes plus courtes et faisaient donc des enjambées moins grandes.
Lorsqu’il fut seul au milieu du désert, il mit sa main dans sa poche et trouva sa boussole. Remerciant un court moment le ciel, il put se repérer et prit la direction de l’oasis qu’il avait trouvé la veille. L’oasis était bien là, mais au bord de l’eau, il vit une habitation de pierre. Méfiant, il s’approcha et bût un peu d’eau. Ensuite, William se dirigea vers la maison, il y entra. Elle était vide, il y avait un autel au ras du sol et au pied d’une statue de terre de un mètre de hauteur. Pour avoir déjà visité divers musées égyptiens, William supposa qu’il s’agissait de la déesse Isis. C’est à ce moment-là, qu’une jeune femme, brune, les yeux noisettes cernés par du fard, habillée d’un pagne long en lin, entra. Elle parla d’une voix douce en égyptien ancien et William à sa grande surprise, compris :
-« Bonjour voyageur, je vois que le dieu Sobek, le juste, vous a guidé.
-…, William ne put dire un mot.
-La grande Isis, repris la jeune femme, m’a aidé à te faire venir. Mais assis toi, je vais te raconter pourquoi tu es là. William s’assit, imitant la femme. Nous sommes durant la deuxième dynastie et nous sommes menacés par les prêtres du dieu Seth, ces derniers ont fusionnés le nom du sage Râ et celui de leur dieu maudit. Isis t’as appelé pour sauver l’Égypte de la secte de Sethré. De nombreux rois lui sont soumis. Tu es notre sauveur, aide-nous! Supplia la jeune femme. Assis en tailleur, la tête dans les mains, William réfléchit, puis il poussa un soupir et dit : Mais quel est votre nom?
-Je me nomme Tadéisis, ce qui signifiait : Celle que Isis a donnée, Je suis une servante de la puissante Isis fille de Râ!
-…, William fixait la jeune femme
-Alors Padésobek, ce qui signifiait : Celui que Sobek a donné, acceptes-tu de nous aider?
-Comment m’avez-vous appelé? Demanda William
-Padésobek! Répondit la servante, Car le grand Sobek t’as guidé à moi pour que je te révèle ton destin. Alors acceptes-tu?
-Heu…, hésita William, j’accepte. »
Tadéisis tendit à William, un pagne en lin et un manteau de voyage, il enleva son jean et ses chaussures, il mit le pagne. Il retira sa montre à contrecœur. Cependant, William garda sa chemise, sa boussole qu’il rangea dans la poche de la chemise, son canif qu’il enveloppa dans un morceau d’étoffe et un briquet décoré par l’image d’un cerf qui lui avait été offert par son meilleur ami, Philip McArthur. Lorsque William fut prêt, Tadéisis brûla le jean et les chaussures. La montre fut enterrée. La servante d’Isis guidait William à travers le désert.
Ils passèrent deux nuits dans le désert mais peu de temps avant d’atteindre une palmeraie sauvage au bord du Nil, une meute de hyènes apparu, Tadéisis cria à William :
-« Partez, partez Padésobek, vous devez sauver l’Égypte. »
William ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner et tandis que la servante affrontait les six animaux à l’aide de son bâton de marche, il prit une branche sèche sur le sol sableux, à proximité d’un acacia. Il déchira une manche qu’il entoura autour d’une extrémité de la branche et il l’enflamma à l’aide du briquet. William brandissais sa torche sous le nez des hyènes qui reculèrent devant la flamme rouge et brûlante. Il se mit devant Tadéisis et la poussa vers les palmiers loin des viles créatures.
Sous les palmiers, William vit un figuier, il y fit grimper la jeune femme et la suivi, laissant la torche au pied de l’arbre. Les hyènes se lassèrent et s’en allèrent, ils s’étaient tous deux endormis. William se réveilla le premier et regarda Tadéisis dormir, il tombait amoureux sans penser qu’ils n’étaient pas de la même époque. William s’approcha d’elle et remonta la couverture de laine sur elle. Sa main effleura la joue de la jeune femme.
Tadéisis se réveilla et s’exclama :
-« Non! Vous êtes un envoyé divin! Elle tremblait comme une feuille.
-Mais non, répliqua William, je suis comme toi, je suis un être humain.  »
Sur ses mots, il ouvrit son canif, chauffa la lame à l’aide du briquet et s’entailla le doigt pour montrer le sang. Il dit alors :
-« Tu vois.
-Et comment pouvez-vous faire du feu rien qu’en claquant des doigts? Demanda Tadéisis.  »
William pouffa et lui tendit son briquet, mais elle recula et se réfugia dans le silence tandis qu’ils poursuivaient leur chemin, en descendant le Nil. William se disait en son for intérieur, que le voyage était vraiment triste et il se promit de se faire aimer par Tadéisis. Ils furent bientôt en vue de la forteresse de la secte de Sethré. Elle se trouvait au milieu du Nil, les vagues se brisaient contre les murailles et des archers se voyaient sur les pourtours de la forteresse. William demanda sarcastique :
-« Je suis censé rentrer comment? En nageant?
-… Pas de réponse.
-Tadéisis ? Interrogea William en se retournant. »
Il ne vit personne. Son regard scruta les alentours et la retrouva : « Non! » S’exclama-t-il, la servante d’Isis nageait vers le débarcadère de l’île où quelques instants plus tard, elle fut arrêtée par des soldats. William réfléchissait à deux milles à l’heure et il ne trouva que la solution de se faire lui aussi arrêter. Il nagea, luttant contre le courant et parvint sur le sable de l’île. Des soldats égyptiens semblant sortir d’une gravure, l’arrêtèrent et le conduisirent vers un prêtre qui le dévisagea et dit :
-« D’où viens-tu?
-Et vous? Lui répondit William qui se prit un coup de pied.
-Je réitère ma question, d’où es-tu? Dit le prêtre
-Du désert. Dit William.
-Bon, poursuivit le prêtre, tu ne veux pas répondre. Emmenez le et faites attention à lui, il a les yeux clairs comme dans la prophétie. »
C’est ainsi que William fut emprisonné dans la forteresse qu’il devait détruire. Son cerveau se perdit dans des limbes obscures.

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… William repris connaissance ; le Nil l’avait déposé sur une rive couverte de débris de papyrus et infesté de crocodiles qui le contournait.
Il lui semblait avoir glissé dans le fleuve, perdu le fil et rêver à d’autre temps.

Deux jours plus tard en se promenant dans le désert, William trouva une anfractuosité dans une falaise qui conduisait à une galerie sombre. Il sortit sa lampe torche et vit une fresque colorée. Il était inscrit en hiéroglyphes :
« Vous êtes dans la demeure de Tadéisis, servante d’Isis. Profanateurs, fuyez avant que la magie d’Isis vous tombent dessus. »
Il atteint le cœur de la tombe où dans une petite salle carrée, il y avait deux sarcophages de pierre, ouvert. L’un était vide, tandis que dans l’autre, la momie regardait un plafond étoilé.

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La momie portait un masque mortuaire dorée représentant un visage féminin. Alors que William regardait le masque mortuaire, il eu l’impression que les yeux le fixaient. Il tenta de s’éloigner mais son regard était piégé. D’un coup, le plafond de la tombe devint le sol d’une froide prison. William ferma les yeux afin de reprendre ses esprits mais les rouvrant il vit le visage de Tadéisis marqué par l’angoisse. Il s’assit au milieu de la cellule qui ne comportait aucun mobilier. Le sol et les murs étaient de granit noir, la seule ouverture était la porte fermée par une épaisse grille en fer.
Des pas se firent entendre, puis un garde apparu devant la cellule, à l’aide d’une clé, il déverrouilla la grille et l’ouvrit. Saisissant l’occasion, William fonça tête baissée dans le ventre de l’égyptien qui eut le souffle coupé. Puis il attrapa Tadéisis par le bras et se rua hors du cachot. Montant tout les escaliers qu’ils pouvaient ils arrivèrent bientôt dans une cour au décor sobre. Derrière eux, ils entendirent les cris d’alarmes du gardien. Avisant un escalier menant à un chemin de ronde, il entraîna la prêtresse d’Isis à sa suite. Ils étaient au bout du chemin de ronde. Sous les yeux de William, une flèche vint transpercer la poitrine de Tadéisis qui s’effondra. Un sabre se leva, William eut un réflexe et leva son bras gauche devant lui. Il fut tranché net. Le sang s’échappant à gros bouillon. La vue de William se brouilla. Et il se sentit tourbillonner dans les limbes, jusqu’à ce qu’il ressentit sous son corps un sol de pierre. Il était dans la salle du sarcophage de Tadéisis. Mais juste à côté du sarcophage de la prêtresse, il y avait maintenant un deuxième sarcophage ouvert qui contenait une momie où il manquait le bras gauche.
D’un seul coup, une douleur lancinante lui vint de son épaule gauche et en la touchant avec sa main droite, il s’aperçut qu’il n’avait plus d’avant bras gauche, au niveau du coude, il y avait un moignon cicatrisé. William était terrorisé. Ce n’était pas possible, c’était un cauchemar, il devait se réveiller. Il se donna une claque mais il était bien réveillé. Il voulait s’éloigner à tout prix de cette tombe. William ressorti à toute vitesse et se retrouva à nouveau dans le désert égyptien. Cependant, il n’était plus seul, une tente de bédouin était dressée et vieil égyptien pourvu d’une longue barbe grise. S’adressant à William, il dit : « Suis moi Padésobek ! » Et il entra sous la tente. Cet homme inspirait confiance à William et une lueur d’espoir se ralluma en lui, il le suivi.
« Cette blessure est vilaine » puis il marmonna quelques mots égyptien.
Sous les yeux de William stupéfait son avant-bras repoussa. Ensuite, le vieil homme dit : « Tadéisis à encore besoin de toi, prend cette amulette, l’œil d’Horus te protégeras. Tu devras guérir la prêtresse en répétant trois fois :
« Grande déesse Isis sauve ta prêtresse comme tu as sauvé ton époux Osiris du dessein de Seth. »
Je vais ouvrir une porte permanente afin de veiller sur toi jusqu’à ce que le grand prêtre de Sethré soit mort. »
Sur ces mots, un « lac » à la verticale apparut entre deux petits obélisques de bois. Stimulé par les paroles du vieil homme, William franchit alors la porte et se retrouva sur le chemin de ronde désert avec à ses pieds Tadéisis une tache rouge sur la poitrine.
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Il s’agenouilla et posa ses mains sur la blessure en répétant trois fois l’incantation. La blessure fut guérie.

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